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Gaillard

Variantes Singulier Pluriel
Masculin gaillard gaillards
Féminin gaillarde gaillardes

Définitions de « gaillard »

Trésor de la Langue Française informatisé

GAILLARD1, -ARDE, adj. et subst.

I. − Adjectif
A. −
1. [En parlant d'une pers., de son corps] Plein de vigueur, de force et de santé. Synon. vigoureux; anton. faible.Il se porte bien maintenant, il est gaillard (Ac.). Se sentir gaillard; gaillard et dispos. Droite et gaillarde dans sa robe de chambre claire, Diane donnait en effet l'impression de la santé et de la vigueur (L. Daudet, Médée,1935, p. 38).− J'ai encore l'usage de mes jambes, protesta M. Ouine. Je les sens même assez gaillardes. Il pivota lourdement sur les talons, puis gagna la fenêtre en sautillant (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1553).À huit ans, je n'étais plus gaillarde comme dans ma première enfance mais malingre et timorée (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 63).
P. anal. [En parlant d'un inanimé] Plein de force et de vigueur. Ce doit être un grand vin, pour que son explosion puisse prêter à confusion avec la déflagration d'une détonation. Il a l'air gaillard! Je comprends qu'il est gaillard! Dites, vous n'en boirez pas souvent comme celui-là (Pagnol, Marius,1931, 11, 2, p. 105).Ça sera bien beau sur la neige sous le soleil clair et gaillard (Claudel, Annonce,1948, 111, 1, p. 183) :
1. Si les cénacles parnassiens, naturalistes et symbolistes ont eu leur ridicule, ils ont porté leurs fruits, des fruits d'abord cultivés en serre chaude, et qu'aujourd'hui l'on retrouve acclimatés et gaillards, jusque sur les poiriers du chemin. Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 106.
2. [En parlant d'un comportement, d'une attitude] Empreint de vigueur, de fermeté et de décision. Synon. ferme, décidé, alerte.Allure gaillarde. M. de La Seiglière (...) avança d'un pas plus assuré, et prit bientôt un trot tout gaillard (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 245).Là, solitaire et les mains dans ses poches, il se permettait d'abandonner l'air gaillard et sûr de soi, uniforme du boulevard (Barrès, Barbares,1888, p. 258).
Emploi adv., rare, fam. Avec force et vigueur. Synon. gaillardement.Ils jouent gonflé, cambré, musclé, ils jouent costaud les Écossais (...). Ils jouent marrant la cornemuse, ils jouent gaillard, ils jouent poilu comme des molletons (Céline, Mort à crédit,1936, p. 312).
Exagéré et pervers dans sa sévérité :
2. ... deux jeunes garçons sont morts à Rouen, dans la maison pénitentiaire, par suite d'une punition assez gaillarde qui consistait à les faire tenir debout plusieurs jours de suite dans une boîte à horloge... Flaub., Corresp.,1842, p. 103.
B. −
1. Vieilli. Plein d'entrain et de gaîté. Synon. gai, enjoué.Il est toujours gaillard; une humeur gaillarde (Ac.). Robinson! Robinson! appelai-je, gaillard, comme pour lui annoncer une bonne nouvelle (Céline, Voyage,1932, p. 215).
2. Qui est d'une gaîté libre, provoquée par l'évocation de choses relatives au sexe. Rire gaillard; chanson gaillarde; propos, contes gaillards. Une série de planches gaillardes qui sont de purs chefs-d'œuvre d'invention obscène (Huysmans, Art mod.,1883, p. 226).Ce bain brûlant qui le rendait, disait-il, plus gaillard qu'un nouveau marié (Maupass., Mt-Oriol,1887, p. 118) :
3. − « C'est-il pour attirer les cabots ou bien pour régaler les moustiques que tu nous montres comme ça tes guiboles? » (...) − « Qu'est-ce que ça peut vous faire, à vous? » − « Sacré mauvaise langue », dit Joigneau, gaillard. « Je suis sûr que tu n'as même pas de culotte... tu mériterais une bonne tringlée sur tes fesses de petite garce! » Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1055.
[Avec un compl. introduit par à] Le teint framboisé, [le second sculpteur] (...) trousseur de filles, gaillard au badinage et au pince-fesses, rouscailleur en diable (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 137).
II. − Substantif
A. − Subst. masc. ou fém.
1. Personne de solide constitution physique qui est pleine de vigueur et d'allant. Synon. costaud.Un grand, solide, rude gaillard; être taillé comme un gaillard. Sa femme, une gaillarde haute et carrée dont le ventre était vaste et rond comme une futaille, les mains larges comme des battoirs (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Bête à Maît'Belh., 1885, p. 195).Ce curé était un gaillard carré, ramassé, plutôt bas sur jambes et roux comme le chien de saint Roch (Pourrat, Gaspard,1922, p. 144).Mais la jeune bonne ne s'occupait pas de moi pour bavarder avec son amoureux, un beau gaillard, haut perché, le torse nu (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 189).
2. Au masc. Homme qui profite à l'excès des plaisirs de la vie, en particulier dans le domaine sexuel. Un sacré, un chaud gaillard. Je pense qu'avec un gaillard comme Pierre à ses côtés, elle ne doit pas fermer l'œil de la nuit (Sartre, Mur,1939, p. 40) :
4. Car, tu sais, le président, malgré son air glacé, on en chuchote de raides sur son compte. Il paraît que, du vivant de sa femme, toutes les bonnes y passaient. Enfin, un gaillard qui, aujourd'hui encore, vous trousse une femme... Zola, Bête hum.,1890, p. 15.
Vieilli, au fém. Femme libre, légère, hardie. Mais vous voyez bien, madame, que vous n'êtes pas une gaillarde... vous voyez bien que vous êtes une femme du meilleur monde (Meilhac, Halévy, Vie paris.,1867, IV, 10, p. 101).
B. − Subst. masc., fam. [Pour qualifier (favorablement ou défavorablement) un homme (ou un enfant) auquel on attribue les qualités du gaillard aux sens supra A] Attention, gare à toi mon gaillard; quel gaillard. Maxime les a blousés tous les deux [Canalis et Giraud], dit Léon à son cousin. Ce gaillard-là se trouve dans les intrigues de la Chambre comme un poisson dans l'eau (Balzac, Comédiens,1846, p. 357).Ah! mon gaillard, vous insultez Fontan, reprit Mignon, poussant la farce. En garde! une, deux, et v'lan dans la poitrine! (Zola, Nana,1880, p. 1199).Et se sentant un peu essoufflé en reconduisant M. de Norpois, [il] pensa : « Sapristi, ces gaillards-là me laisseront crever avant de me faire entrer [à l'Institut] » (Proust, Guermantes 1,1920, p. 261).
Prononc. et Orth. : [gaja:ʀ], fém. [-aʀd]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 « vigoureux, qui respire la force » (Roland, éd. J. Bédier, 2895 : Cors a gaillard); ca 1130 « vaillant, valeureux » (Gormont, éd. A. Bayot, 557 : Miles le Gailart); 1266 « réjoui, plein d'entrain » (Vers de la Mort, 55, 11 ds T.-L.); 1remoitié xvies. « un peu trop libre » (B. Des Périers, Contes, I ds Littré : quelques passages trop gaillards). Dér. en -art, -ard* de *galia, formé de la racine celt. *gal- « force » (cf. irl. gal « bravoure », Dottin, p. 258; Pokorny, p. 351) et du suff. -ia, lui-même soit d'orig. gaul., soit ajouté en gallo-rom. Le maintien du g- peut s'expliquer par suppression dissimilatrice de la palatalisation au stade *gyalya; une infl. suppl. de gai* (EWFS2) n'est pas à écarter du point de vue sémantique. Cf. DEAF, col. 47.

GAILLARD2, subst. masc.

MARINE
A. − [Dans l'ancienne marine à voile] Gaillard d'avant, d'arrière. Chacune des deux parties surélevées, à l'avant et à l'arrière du pont supérieur d'un navire, avec leurs superstructures. Un indien, qui était sur le gaillard d'arrière de ma frégate, lorsque notre canot arriva, fut arrêté par mon ordre et mis aux fers (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 202).La flotte réunie à Séville (...) se composait de vingt-huit galères castillanes (...) outre quatre-vingts navires marchands équipés pour le combat, c'est-à-dire ayant chacun un gaillard élevé, sur l'avant (Mérimée, Don Pèdre Ier,1848, p. 258).L'argent ne lui manquait pas, et il en eut même assez pour acheter un canon à pivot qui fut établi sur le gaillard d'avant du yacht (Verne, Enf. Cap. Grant., t. 1, 1868, p. 38).
B. − [Dans la marine moderne] ,,Superstructure placée sur l'avant du pont supérieur et qui s'étend (...) d'un côté à l'autre du navire`` (Gruss 1952).
Prononc. et Orth. : [gaja:ʀ]. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1573 mar. (Dict. fr.-lat. Paris, J. Du Puys ds FEW t. 4, p. 30 a). Abrév. de chasteaugaillard (1516, Doc. [...] mar. norm. éd. Ch. Bréard et Ph. Barrey, 35 ds R. Ling. rom. t. 37, p. 497), composé de château* terme de mar. et de gaillard1* au sens de « fort, solide ».
STAT. Gaillard1 et 2. Fréq. abs. littér. : 1 251. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 867, b) 2 556; xxes. : a) 2 763, b) 1 548.

Wiktionnaire

Nom commun 2 - français

gaillard \ɡa.jaʁ\ masculin

  1. (Marine) Partie extrême du pont supérieur d’un bâtiment.
    • Dans les grands bâtimens on nomme gaillard, les deux portions du troisième pont qui ne sont bordées (planchées) que de l'arrière, depuis le couronnement jusqu'au grand mât, ce qui forme le gaillard d'arrière; l'autre portion forme le gaillard d'avant, compris depuis les apôtres jusque vers le bout de l'arrière des porte-haubans de misaine. On communique d'un gaillard à l'autre par les passe-avans, et les dunettes sont établies à l'extrémité du gaillard d'arrière. — (Jean-Baptiste-Philibert Willaumez, Dictionnaire de marine, 3e éd., 1831, page 302)
    • Joe trônait sur le gaillard d’avant, et faisait de l’histoire à sa manière. — (Jules Verne, Cinq semaines en ballon, J. Hetzel et Cie, Paris, 1863)
    • En tombant de la grande hune
      Dessous le gaillard d'avant.
      — (Le corsaire le Grand Coureur, chant traditionnel)

Nom commun 1 - français

gaillard \ɡa.jaʁ\ masculin (pour une femme, on dit : gaillarde)

  1. Personne de bonne composition.
    • Le lendemain je m'éveille et descends. J'entre dans la cuisine, où mon gaillard déjeûnait largement. Ah! ah! bonjour, dit-il. Hein! comment va la joie ? Déjeûnez avec moi. — (Semaines critiques, ou Gestes de l'an six, V.4, n°29, 1797, page 100)
    • Eh bien ! mon petit Fagerolle, ce gaillard là est redouté par les plus fortiches. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 19)
  2. Homme ou femme de solide stature.
    • Je ne sais pas si Jean-Louis Darc séduisit ma mère ou si ce fut elle qui s'en éprit la première, mais je crois que Céline Thiébault désira ce grand gaillard, cette vigueur animale. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 21)
    • Après une minutieuse préparation, tant de la machine que du passager, à 4 heures du matin, je décolle dans les ténèbres, emmenant un solide gaillard Serbe, ex-chef célèbres de comitadjis. — (Jacques Mortane, Missions spéciales, 1933, p.223)
    • Lorsque son père arriva dans ce village au bord de la Meuse, c'était un grand gaillard célibataire qui croyait encore aux promesses de l'avenir. — (Isabelle Condou, Un pays qui n'avait pas de port, Éditions Plon, 2013)
    • Kinkin, vers la quarantaine, était un gaillard de taille moyenne qui dissimulait sous des dehors chétifs et une allure pataude une force herculéenne et une agilité de singe. — (Louis Pergaud, L’Évasion de Kinkin, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  3. (En particulier) (Au féminin) Forte femme qui a des allures trop libres.
    • Vous aurez peu de chance, par contre, d'y voir quelques douzaines de gaillardes se crêper le chignon, surtout à propos de bottes d'oignons. — (Le Petit Futé Corrèze, 2009)
    • (Figuré)Mais la valeur est une gaillarde qui renverse tout devant elle ; qui rame contre le vent et contre la marée et va droit au but.

Adjectif - français

gaillard \ɡa.jaʁ\ masculin

  1. (Désuet) Qui est solide, vaillant, puissant.
    • Et l'on m'a vu pousser dans le monde une affaire
      D'une assez vigoureuse et gaillarde manière.
      — (Molière, Le Misanthrope)
    1. Vaillant, vif, vivant.
      • Las ! pour un trépassé vous êtes bien gaillard ! — (Molière, L'Étourdi)
    2. Vif, frais, piquant.
      • Aujourd'hui le temps est gaillard.
    3. (Désuet) Qui est assis solidement.
      • Château-gaillard.
  2. Qui est gai, joyeux.
    • Quoi qu'il en soit, l'espérance de revoir le pauvre baron gai et gaillard m'a bien épargné de la tristesse. — (Lettre de Madame de Sévigné à Madame de Grignan, à Vichi, mardi 28 mai 1676)
    • Il n’y avait pas de danger pour le moment. Et pourtant, pensa Maillat, j’ai peur, j’ai bel et bien peur. Il s’efforçait de prendre un ton gaillard, d’ironiser sur lui-même. Mais ses jambes tremblaient. Il s’appuya d’une main sur le mur de soutènement et urina. — (Robert Merle, Week-end à Zuydcoote, 1949, réédition Le Livre de Poche, page 88)
  3. Grivois, paillard, qualifie des discours, des propos, des chansons un peu libres, un peu lestes.
    • Bon vin, bons mots, gaillardes chansonnettes;
      Sont aiguillons aux amoureux désirs,
      En toute porte entr’ouverte aux plaisirs
      L'adroit Amour aisément s'insinue.
      — (Jean de la Fontaine, Le Sassenage -1691- Conte, dans Contes et nouvelles en vers, V.3, 1762, page 185)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

GAILLARD, ARDE. adj.
Qui est gai, joyeux avec démonstration. Il est toujours gaillard. Une humeur gaillarde. Une mine gaillarde. Par extension, il se dit des Discours, des propos un peu libres. Un conte gaillard. Substantivement, Quel gaillard! Une gaillarde se dit d'une Forte femme qui a souvent des allures trop libres. Il signifie aussi Qui est solide, bien constitué et aussi vif, alerte, décidé. Il se porte bien maintenant, il est gaillard. Gaillard et dispos.

GAILLARDE se disait aussi d'une Ancienne danse au mouvement animé et des Airs qui accompagnaient cette danse. Danser la gaillarde. Jouer une gaillarde.

GAILLARD signifiait autrefois Qui est assis solidement. Château-gaillard. En termes de Marine, Château-gaillard, ou par ellipse Gaillard, se disait d'un château élevé à l'avant et à l'arrière des vaisseaux. Il se dit aujourd'hui des Parties extrêmes, du pont supérieur d'un bâtiment. Le gaillard d'avant, La partie qui est en avant du mât de misaine, et de plus une portion en arrière du même mât. Le gaillard d'arrière, Toute la partie du pont située à l'arrière du mât d'artimon. Le gaillard d'arrière est parfois élevé de quelques centimètres au-dessus du pont. En termes de Typographie,

GAILLARDE se dit encore d'un Caractère d'imprimerie, d'un corps de huit points ou à peu près, intermédiaire entre le petit texte et le petit romain.

Littré (1872-1877)

GAILLARD (ga-llar, llar-d', ll mouillées, et non ga-yar) adj.
  • 1Qui a un caractère de vaillance et de hardiesse. Le coup est gaillard. Et l'on m'a vu pousser dans le monde une affaire D'une assez vigoureuse et gaillarde manière, Molière, Mis. III, 1.
  • 2Plein d'allégresse et de vivacité. Cette fille est jolie, elle a l'esprit gaillard, Corneille, Suite du Ment. I, 3. Nos gaillards pèlerins… Au gué d'une rivière à la fin arrivèrent, La Fontaine, Fabl. II, 10. Dit avec un ton de rieur Le gaillard savetier, La Fontaine, ib. II, 8. Las ! pour un trépassé vous êtes bien gaillard ! Molière, l'Ét. II, 5. Tout cela me fit gaillarde, Sévigné, 330. L'armée s'en retourna au camp aussi triste qu'elle en était partie gaillarde, Saint-Simon, 23, 8. Approchez son fauteuil, monsieur de la Vallée, et tenez-vous gaillard ; soupons : mettez-vous là, petite fille, Marivaux, Pays. parv. 3e part.

    Il se dit aussi des choses. Une humeur gaillarde. Une mine gaillarde. On parle d'une comédie d'Esther qui sera représentée à Saint-Cyr, le carnaval ne prend pas le train d'être gaillard, Sévigné, 501.

  • 3Évaporé. Il est un peu gaillard.

    Sens qui a vieilli.

  • 4Qui est légèrement pris de vin. Il sortit de ce repas un peu gaillard.
  • 5Il se dit des discours, des actes un peu libres. Mme de Sévigné chante, elle danse, et a l'esprit fort vif et agréable ; elle est brusque et ne se peut tenir de dire ce qu'elle croit joli, quoique assez souvent ce soient des choses un peu gaillardes, Tallemant, dans le Dict. de DOCHEZ. Et vous la belle au dessein si gaillard, La Fontaine, Gag. Bon voici de nouveau quelque conte gaillard, Et ce sera de quoi mettre sur mes tablettes, Molière, Éc. des femmes, I, 6. Quoique cette aventure fût assez gaillarde, Hamilton, Gramm. 9. Il faut que je vous rapporte un trait de cette bonne duchesse ; vous le trouverez un peu gaillard pour une dévote, Lesage, Diable boit. ch. 12. Ce sont des poésies gaillardes qu'il a composées dans sa jeunesse, Lesage, ib. ch. 10. Au lieu de fades épigrammes Qu'il aiguise un propos gaillard, Béranger, Désaugiers.
  • 6Sain, dispos. Que fait-il à présent ? est-il toujours gaillard ? Molière, Éc. des femmes, I, 6. Que le moi que voici, chargé de lassitude, A trouvé l'autre moi frais, gaillard et dispos, Et n'ayant d'autre inquiétude Que de battre et casser les os, Molière, Amph. II, 1. Le plaisir que vous aurez d'avoir une femme et un enfant gais et gaillards, Sévigné, 4. Il reçoit deux coups dans son chapeau et revient gaillard, Sévigné, 152. Alors, m'étant réveillé, je me levai frais et gaillard, et m'habillai à la hâte pour rejoindre ma sœur, Lesage, Estev. Gonzal. ch. 54.

    Terme d'horticulture. Se dit d'un arbre, d'une plante qui se porte bien.

  • 7Vent gaillard, air gaillard, vent, air qui est un peu froid. Aujourd'hui le temps est gaillard.
  • 8 S. m. Un gaillard, un homme vigoureux, dispos, décidé. Voyez un peu le gaillard ; il n'y aurait qu'à le laisser faire, il ferait les plus belles choses du monde, Hauteroche, Crispin méd. II, 2. Nous autres du barreau, nous sommes des gaillards, Regnard, le Bal, 8. Comme vous prenez feu d'abord ! vous m'avez l'air d'un gaillard, Collé, Part. de chasse, II, 11.

    Au féminin, une gaillarde se dit d'une femme peu scrupuleuse, trop libre. C'est une gaillarde qui fait mille plaisanteries de cette nature pour égayer son veuvage, Regnard, Attendez-moi sous l'orme, 7.

SYNONYME

PROPOS GAIS, PROPOS GAILLARDS. En ce sens restreint, les propos gais, les contes gais sont un peu libres ; les propos gaillards, les contes gaillards le sont davantage. Les premiers ont, dans leur licence, quelque chose qui excite la gaieté ; les seconds ont, dans leur licence, quelque chose de hardi qui semble braver l'honnêteté.

HISTORIQUE

XIe s. Cors [ils] ont gaillarz et fieres contenances, Ch. de Rol. CCXXIII.

XIIe s. Herupois sont prudhome, orgueilleus et gaillart, Sax. XI.

XIIIe s. En chapeaus par grant revel Est la queue Renard mise ; Chascun se porte gaillard De la queue de Renard, Queue de Renard. Icil portiers fu moult gaillars, Et si fu il moult bien musars [car il se laissa tromper], Fl. et Bl. 1929.

XIVe s. Telles dames ont le corps tant gallart [si sain, si bien portant], que, se elles avoient en leur ventre deux ou trois enfans, moult bien les nourriroient, Pratique de Bernard de Gordon, VII, 26.

XVe s. …Et si y estoit… la regente sœur au duc Phelipe, laquelle estoit pour le temps tenue pour la plus gaillarde de toutes autres dames, Fenin, 1424. Elle [l'eau] rend l'homme etique et pale et morfondu ; Mais toi [vin], tu rends gaillarde et saine la personne, Basselin, VIII. Une chose avoient-ils bonne, c'estoit une gaillarde compagnie pleine de jeunes gentilshommes, Commines, VII, Prologue.

XVIe s. Je voys tenter du guaillard pechié de luxure les nobles nonnains, Rabelais, Pant. IV, 45. Cette volupté [de la vertu], pour estre plus gaillarde, nerveuse, robuste, virile, n'en est que plus…, Montaigne, I, 69. Les soldats firent leurs salves belles et gaillardes en l'honneur des assistants, Montaigne, I, 136. D'appeller les mains ennemies, c'est un conseil un peu gaillard [hardi], Montaigne, I, 138. Quelques passages trop gaillards [libres], Despériers, Contes, I. Il leur dit : donnez devant au galop gaillard, D'Aubigné, Hist. II, 192. On dit que gaillard et gaillardise viennent a gallica audacia, et que ceux sont appellez gaillards qui courageusement entreprennent quelque chose, tant aventureuse soit elle, Bouchet, Serées, III, p. 498, dans LACURNE. Pour dire honnestement : il tient du fol, on dit : il a le cerveau gaillard, ou il a le cerveau un peu gaillard, H. Estienne, Apol. d'Hérod, p. 20, dans LACURNE. Ouvrier gaillard cele son art. Cotgrave

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Étymologie de « gaillard »

Prov. gaillart, galhart, gallart ; catal. gallard ; esp. gallardo ; port. galhardo ; ital. gagliardo. On ne peut guère le tirer de gai, parce qu'il faudrait admettre l'interposition d'un suffixe ill : gai-ill-art. Diez ne voit aucune difficulté de forme à le rattacher à l'anglo-saxon gagol, geagle, pétulant, audacieux ; mais il incline davantage à y voir un radical celtique : kimry, gall, force ; anc. gaél. galach, courage.

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(XIe siècle)[1] On ne peut en faire le dérivé de gai, avec le suffixe -ard[2], parce qu'il faudrait admettre l'interposition d'un infixe -ill- : gai-ill-ard. D’un radical gaulois *galia[2] « fort, force » ou *gali-, apparenté au breton galloud (« pouvoir »), au gallois gallu (« pouvoir »), au latin Gallus (« Gaulois », étymologiquement : « homme fort »). Pour l’évolution du sens de « fort » à « grivois, paillard », voir gaulois.
(Partie de navire) (Par ellipse) De château gaillard, « château-fort ».
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « gaillard »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
gaillard gajar

Fréquence d'apparition du mot « gaillard » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « gaillard »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « gaillard »

  • Incendie secteur Mont gaillard #lehavre pic.twitter.com/h7jA9IYSZK
    France 3 Normandie — Le Havre : incendie dans un immeuble en travaux
  • Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l'homme de quarante ans, à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : Ça me connaît. " Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons.
    Honoré de Balzac — Le Père Goriot
  • Santerre irait tranquillement se coucher seul, attendant son heure, menant la danse, en gaillard prudent qui se ménage.
    Zola —  Fécondité
  • Tous les Floche s’égayèrent de cette plaisanterie, tandis que les Mahé, vexés, déclaraient que Rouget était un gaillard tout de même, et qu’il risquait sa peau, lorsque d’autres, au moindre coup de vent, préféraient le plancher aux vaches.
    Emile Zola — La fête à Coqueville

Traductions du mot « gaillard »

Langue Traduction
Anglais fellow
Espagnol compañero
Italien compagno
Allemand gefährte
Chinois 同伴
Arabe زميل
Portugais companheiro
Russe человек
Japonais 仲間
Basque ikaskide
Corse cumpagnu
Source : Google Translate API

Synonymes de « gaillard »

Source : synonymes de gaillard sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « gaillard »

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Gaillard

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