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Château

Variantes Singulier Pluriel
Masculin château châteaux

Définitions de « château »

Trésor de la Langue Française informatisé

CHÂTEAU, subst. masc.

A.− FÉOD. Château fort. Forteresse souvent construite sur une hauteur et/ou difficilement accessible, aux murs flanqués de tours et entourés d'un fossé, servant d'habitation seigneuriale. Château féodal; les ruines du château :
1. Avant que la Révolution eût passé par là, c'était un vaste château avec tours et bastions, pont-levis et fossés, créneaux et plates-formes, vraie place forte qui écrasait de sa masse imposante l'architecture élégante et fleurie de son svelte et gracieux confrère. Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 24.
2. Les Genêts avaient été, il est vrai, jadis un château, un vrai castel du moyen âge, avec fossés bourbeux, mâchicoulis, pont-levis et créneaux; il avait soutenu des sièges et enduré de longs blocus... Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 399.
3. Le lendemain, à la nuit tombante, j'arrivai au château de Murol. La vieille forteresse, tour géante (...) se dresse sur le ciel, brune, crevassée, bosselée, mais ronde, depuis son large pied circulaire jusqu'aux tourelles croulantes de son faîte. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Humble drame, 1883, p. 402.
SYNT. Grand, vieux château; château gothique, historique, médiéval, royal, seigneurial; château abandonné, délabré, démantelé, détruit, ruiné. La basse cour, la haute cour, le donjon, les fossés, les oubliettes, le pont-levis, les souterrains, les tours du château.
1. P. ext. Forteresse. Le château de Vincennes; la garnison, le gouverneur du château.
2. Spéc. et p. anal.
a) HÉRALD. ,,Meuble d'armoiries représentant une forteresse flanquée de deux tours rondes, couvertes et crénelées, terminées chacune par une girouette`` (Grandm. 1852). Château ouvert, ajouré, maçonné, girouetté, masuré, découvert (Grandm. 1852). Cités (...) venues (...) inscrire allégoriquement leur donjon de sinople ou leur château d'argent dans son champ d'azur [de Guermantes] (Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 14).
b) MARINE
Construction élevée située à la proue ou à la poupe des anciens navires et qui faisait office de défense et de protection à l'origine. Château d'avant ou de proue, d'arrière ou de poupe. Les châteaux de poupe des galions de Vera-Cruz (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 43).Cf. aussi accastillage.
Superstructure établie sur la partie centrale d'un pont supérieur, tenant la largeur du navire. Long château, court château.
c) TECHNOL. Château d'eau. Bâtiment surélevé, en forme de tour surmontée d'un réservoir cylindrique, destiné à fournir l'eau sous pression.
Fontaine de grandes dimensions à bassins multiples. Auprès de nous s'ébruitaient les cascades du château d'eau de la ville (Gide, Les Nourritures terrestres,1897, p. 179).
B.−
1. Vaste construction de prestige, avec tours ou tourelles, entourée d'un parc avec jardins, pièces d'eau, etc., servant de résidence royale ou seigneuriale. Château de Fontainebleau, de Versailles; châteaux de la Loire; visiter un château (cf. arcade ex. 9).
SYNT. Château magnifique; château de la Renaissance, du XVIIIes.; ailes, appartements, cour, grilles, parc, tourelles du château.
Absol. Le château. La résidence royale. Il [Napoléon] n'était pas monté au château, on l'y avait porté (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 432).
Rem. Dans la plupart des ex. du xixes., il s'agit du château des Tuileries, résidence royale sous la Restauration.
P. méton. Le roi, la cour. Nous avons de cette bienveillance du Château des preuves que je vous détaillerai (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 298).
La vie de château. Existence très agréable passée dans le luxe, les loisirs et où l'on est servi par une nombreuse domesticité. Vie de château, images de richesse et de bonheur, châtelaine charmante (Renard, Journal,1897, p. 428).
Rem. Chez Balzac, le petit Château désigne la noblesse du faubourg Saint-Germain. Dans le grand salon à la Louis XIV (...) où se trouvait cette société d'élite, la crème de Paris, nommée alors le petit Château (Splendeurs et misères des courtisanes, 1844, p. 106).
2. P. ext.
a) Maison de maître de grandes dimensions située au milieu d'une vaste propriété. Château flanqué de tourelles. Le château coquet, pavoisé, décoré de balcons en saillie, et riant au soleil avec ses briques rouges, ses colonnes à la rustique (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 230):
4. ... et, là-bas, le château, une grande bâtisse de construction moderne, blanche avec des tours trop grêles et ses toits en poivrière, se rapproche à chaque lacis de la route grise. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 106.
5. Ces bois, étendus sur une centaine d'hectares, rejoignaient les deux ailes du château, une ancienne demeure, de style Louis XIII, à l'allure de ce qu'on appelle encore dans certaines campagnes une « maison de noblesse ». Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 5.
Château branlant (cf. Sandeau, Sacs et parchemins, 1851, p. 19). P. métaph. et au fig. [En parlant d'une pers., d'une chose] Ce qui semble sur le point de tomber. Le tout [un lit à baldaquin] était si massif et pourtant si peu solide, qu'il donnait l'idée d'un château branlant (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 272).
P. méton. Les habitants du château. Tout le château était juché dans la tour et se tassait contre la porte inébranlable (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 136).
b) [Suivi d'un nom propre] Dans le Bordelais, maison de maître dont le domaine est un vignoble. Château Lafite, château Yquem. P. méton. [Sans majuscule] Grand cru de ce domaine. Un choix de vins vraiment royal : (...) château-filhot 58 aux hors-d'œuvre, (...) château-lafite 48 aux entrées (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 188).
Pop. et p. plaisant. Château-la-pompe. Eau du robinet (présentée comme un grand cru).
C.− Domaines du jeu, du symbole, de l'imaginaire.
1. JEUX
Château de cartes. Construction faite avec des cartes à jouer posées en équilibre sur plusieurs étages. P. anal. Maison de campagne peu solide (cf. Ac. 1835-1932). [Dans des compar.] Ce qui croule facilement. Ruinés (...) Ce qu'avait construit ton père s'est écroulé comme un château de cartes (...) tout y a passé (P. Vialar, Clara et les méchants,1958, p. 239).
Château de sable. Construction faite par les enfants au bord de la mer avec le sable humide. Châteaux de sable qu'il élevait (...) à la marée montante pour lutter contre la lame (A. France, Les Désirs de Jean Servien,1882, p. 168).
2. Domaines de la mystique, de la litt., de l'onirisme.
a) MYSTIQUE [P. réf. au Château de l'âme de Thérèse d'Avila où l'âme juste est comparée à un admirable château que Dieu choisit pour sa demeure; cf. Première demeure, chap. 1] Le château intérieur. Ce grand château de l'âme avec Dieu (Claudel, Feuilles de Saints,1925, p. 661).Le château du souvenir (Barrès, Mes cahiers,t. 12, 1919-20, p. 251).La musique de Mozart est une sorte de château magique où l'âme peut encore trouver asile, qui se sent trop malheureuse (Green, Journal,1942, p. 198).
b) FOLKLORE. Château de la Belle au bois dormant (d'apr. le conte de Perrault). Château endormi d'un sommeil magique se réveillant au passage du prince charmant. P. métaph. Le quai d'Orsay, longtemps château de la Belle au bois dormant, s'éveillant à l'activité (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 45).
Au fig. Châteaux en Espagne. Projets, rêves chimériques. Bâtir, faire des châteaux en Espagne loc. créée à l'époque des chansons de geste, les fiefs attribués en terre sarrazine devant ensuite être conquis de haute lutte :
6. floricour. − Le plus court est d'en rire; mais j'avais fait de beaux châteaux en Espagne sur cette rencontre. rosalie. − S'il ne s'agit que de châteaux, nous ne sommes pas en reste avec vous, et ceux que nous avons bâtis de notre côté ne le cèdent pas aux vôtres. Leclercq, Proverbes dram.,Le Désœuvrement des comédiens, 1835, 6, p. 445.
c) [Titres d'œuvres littér.]Le Château (de Kafka). Le Château de ma mère (de Pagnol). Petits châteaux de Bohême (de Nerval) : ,,Château de cartes, château de Bohême, château en Espagne, − telles sont les premières stations à parcourir pour tout poëte`` (Nerval, Petits châteaux de Bohême,[Œuvres, t. 1], Paris, Gallimard, 1952 [1853], p. 99):
7. Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs; Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que, dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue... et dont je me souviens! Nerval, Odelettes, Fantaisie, [Œuvres, t. 1], Paris, Gallimard, 1952 [1853], p.48.
Rem. Le château est soit un symbole de sécurité et de protection, soit un monde mystérieux, fermé, inaccessible et hostile. D'apr. Symboles 1969, il figure encore ,,parmi les symboles de la transcendance : la Jérusalem céleste prend la forme dans les œuvres d'art, d'un château fort hérissé de tours et de flèches au sommet d'une montagne... Il est censé abriter un pouvoir mystérieux et insaisissable (...). [Il] symbolise la conjonction des désirs.``
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑto]. Au plur. des châteaux. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chasteau; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 1. [Fin xes. a. prov. castel « village fortifié » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 427)]; [xes. ds FEW, s.v. castellum]; ca 1100 plur. chastels « place fortifiée, citadelle » (Roland, éd. J. Bédier, 2611); 1174 plur. chastaus (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2214); 1212-18 forz chastiaus (G. de Villehardouin, Conquête Constantinople, éd. E. Faral, § 320); 1835 château fort (Ac.); spéc. ca 1236 faire chastiaus en Espaigne (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2430; v. aussi Neuphilol. Mitt., no1-2, 1914, pp. 107-110); 2. av. 1188 chastel « grande et belle demeure » (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 943); a) 1606 « résidence royale » (Nicot); d'où 1836 « la cour » (Stendhal, loc. cit.); b) 1690 « résidence seigneuriale » (Fur.). B. Spéc. 1. 1165-70 mar. chastel (B. de Ste Maure, Troie, éd. L. Constans, 7065); 2. ca 1275 hérald. chastel (Walford's Roll, Leland's version, copy b [7] ds G. J. Brault, Early blazon, Oxford, 1972); 3. 1651 faire des châteaux de cartes (Scarron, Virgile travesti, éd. V. Fournel, livre 6, Paris, 1858, p. 211b), à nouv. ds Ac. 1835; 1690 fig. (Fur. : On appelle château de carte, une maison fort enjolivée, qui paroît beaucoup, & qui est en effet peu de chose); 4. 1704 château d'eau (Trév.). Du lat. castellum (dimin. de castrum « camp ») attesté dans la lang. class. au sens de « redoute » dep. le iies. av. J.-C. ds TLL s.v., 527, 58; cf. César, ibid., 525, 21 et de « château d'eau », puis en lat. médiév. au sens de « citadelle » (776 ds Mittellat. W. s.v., 338, 15) et de « ville fortifiée, oppidum » (ca 778, ibid., 338, 68). Fréq. abs. littér. : 7 122. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 391, b) 10 717; xxes. : a) 10 743, b) 5 802.
DÉR.
Châtelé, ée, adj.,hérald. [Qualifiant une bordure, un lambel] Chargé de plusieurs châteaux. La bordure de Portugal et le lambel d'Artois sont châtelés (Ac.1835-1878).Lar. 19ejuge le terme ,,peu us.; on dit plus souvent chargé ou semé suivant le cas``. Présent ds Ac. 1798-1878. Dernière transcr. ds DG : chá-t'-lé. 1resattest. ca 1297 castellé (Chifflet-Prinet Roll, Additions, 7 ds Brault 1972); 1396-97 chastellé (Armorial de France de la fin du XIVes., no11 ds Le Cabinet hist., 1resérie, t. 5, 1859, p. 14); de l'a. fr. chastel (château* terme d'hérald.), suff. *.
BBG. − Chaurand (J.). Notes à propos de qq. distinctions médiév. : cité, ville et château. R. intern. Onom. 1963, t. 15, pp. 169-172; 1964, t. 16, pp. 241-243. − Gottsch. Redens. 1930, p. 302, 428. − Marichal (P.). De l'expr. château en topon. fr. In : Congrès internat. de topon. et d'anthropon. 1939, pp. 32-38. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 22, 132.

Wiktionnaire

Nom commun - français

château \ʃɑ.to\ masculin

  1. Demeure féodale défendue par des fossés et de gros murs flanqués de tours ou de bastions.
    • Château situé sur un rocher, sur une montagne.
    • Des châteaux forts.
    • Le château commandait la ville.
    • Le château de Vincennes.
    • Cet examen de la naissance des principautés territoriales en Francie occidentale, Espagne et Angleterre [au Xe siècle] est par ailleurs très révélateur, car à chaque fois apparaît le moyen militaire qui permet cette indépendance : le château. — (Rouche, Michel, Histoire du Moyen Âge - Tome I, Éditions Complexe, 2005)
  2. (Par extension) (Histoire) Résidence, habitation seigneuriale ou royale.
    • Il se retira dans son château.
    • Un vieux château.
    • Le château de Chambord.
    • Les châteaux de la Loire.
    • Le château de Versailles.
  3. (Par extension) (Art) Toute maison de plaisance vaste et magnifique.
    • Il y a de beaux châteaux dans cette province.
    • La vie de château.
  4. (Par extension) (Lorraine) (Populaire) Maison de relativement grande dimension, généralement la plus grande du village.
    • Que dire de cette dernière, avec son logis plus haut, couvert d’ardoises, accolé à de vastes engrangements remplis de foin odorant et de bon grain, à une étable-écurie d’où émanaient de fortes senteurs animales. Les gens du pays l’appelaient pompeusement « le château ». — (Daniel Bontemps, Au temps de la soupe au lard, éditions Serpenoise, 1993, ISBN 978-2-87692-179-5)
  5. (Familier) Grand cru de Bordeaux (dont le nom commence souvent par « château... »).
    • L'autre raison pour laquelle les buveurs de vin haïssaient le « château-la-pompe » ou le « jus de parapluie », c'était qu'alors il n'était pas rare qu'il fut versé dans des verres contenant de vrais châteaux. — (Bernard Pivot, Dictionnaire amoureux du vin, Éditions Plon, 2006 & 2014, article « Eau »)
  6. (Par métonymie) Exploitation viticole qui élabore son propre vin, en particulier dans le Bordelais.
  7. (Marine) (Anciennement) Construction surélevée édifiée à la poupe ou à la proue d'un navire. (Aujourd'hui) Superstructure construite dans la partie centrale d'un navire (Note: les navires affectés au transport des hydrocarbures tels que les pétroliers ou les méthaniers ont leur château édifié à l'arrière).
    • Deux matelots, indifférents à la pluie, lavaient le plancher à grande eau ; de loin Dumont vit Bourgain longer le bastingage, contourner un câble mal lové, gagner l’escalier de fer et s’élever contre le château du navire — (Roger Bésus, La vie au sérieux, 1961)
    • Les énormes châteux de poupe, sculptés de dieux antiques rouge et or, se haussaient très au-dessus des maisons. — (Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil, partie I (« Des enfants pour les cannibales »), chapitre 5, page 57, éditions Gallimard, 2001)
  8. (Héraldique) Meuble représentant la bâtisse du même nom dans les armoiries. Il est généralement représenté sous la forme de deux tours liées par un mur. Si le nombre de tours change de l’ordinaire, on doit le blasonner. Quand il s’agit d'une représentation d'un château spécifique, cela doit être mentionné dans le blasonnement. Le château peut également être muni de donjon, porte, herse, toit, échauguettes, girouettes, bannières, etc. À rapprocher de château-fort.
    • D’azur au château d’argent, ouvert de trois portes, posé sur une terrasse de sinople, qui est de la commune de Blangy-le-Château du Calvados → voir illustration « armoiries avec un château »
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

CHÂTEAU. n. m.
Forteresse environnée de fossés et de gros murs flanqués de tours ou de bastions. Château situé sur un rocher, sur une montagne. Des châteaux forts. Le château commandait la ville. Le château de Vincennes. Prov. et fig., Faire des châteaux en Espagne, Former des projets en l'air, se repaître de chimères. Il se dit, par extension, d'une Habitation seigneuriale ou royale. Il se retira dans son château. Un vieux château. Le château de Chambord. Les châteaux de la Loire. Le château de Versailles. Il se dit encore, par extension, de Toute maison de plaisance vaste et magnifique. Il y a de beaux châteaux dans cette province. La vie de château. Par analogie, Château de cartes, Petit édifice que les enfants s'amusent à construire avec des cartes. Il se dit figurément d'une Petite maison de campagne enjolivée et peu solidement bâtie. Fig., Château branlant. Voyez BRANLANT. Château d'eau, Bâtiment qui renferme les réservoirs d'eau servant à l'alimentation d'une ville.

Littré (1872-1877)

CHÂTEAU (châ-tô) s. m.
  • 1Demeure féodale fortifiée qui était défendue par un fossé, de hautes murailles et des tours.
  • 2Aujourd'hui forteresse environnée de fossés, de gros murs et de bastions, qui est dans une ville pour la défendre ou pour la commander.
  • 3Habitation royale ou seigneuriale. Le château des Tuileries, de Fontainebleau. Le château de Windsor. Cependant Léontine, étant dans le château Reine de nos destins et de notre berceau, Corneille, Héracl. II, 4.

    Absolument. Le château, la cour, le roi, l'empereur. Il a été bien reçu au château.

    Le gouvernement et son parti ; la cour et ses intrigues.

  • 4Habitation d'un domaine seigneurial.
  • 5Habitation du maître d'une grande propriété.

    Grande et belle maison de plaisance à la campagne avec ou sans propriété. Il vit dans son château. Quand on sait se préserver du poison mortel de l'ennui, on se trouve bien plus à son aise dans son château que dans le tumulte de Paris, Voltaire, Lett. Florian, 29 nov. 1764. Les agréables soins d'un seigneur de château, Les plaisirs d'une vie occupée et tranquille, Saint-Lambert, Saisons, hiver.

    La vie de château. Mener la vie de château, passer quelque temps à la campagne, dans une maison riche et amie où l'on trouve tous les plaisirs du lieu, la pêche, la chasse, bonne table, etc.

  • 6 Poétiquement. Château ailé, navire. L'appareil inouï pour ces mortels nouveaux De ces châteaux ailés qui volent sur les eaux, Voltaire, Alz. I, 1.
  • 7Château en Espagne, projet en l'air, rêves chimériques. Son château en Espagne c'est de se faire porter dans les maisons, Sévigné, 40. Hélas ! notre château en Espagne serait de vous y voir, Sévigné, 241.

    Bâtir, faire des châteaux en Espagne, se repaître de chimères. On fait des châteaux en Espagne, tantôt gais, tantôt tristes, Sévigné, 582. Je fais des châteaux en Espagne, Régnier, Épît. III. Elles seraient bien rigoureuses, si elles voulaient m'ôter la liberté des souhaits et m'empêcher de faire des châteaux en Espagne, puisque c'est le seul contentement que j'y aie [en Espagne, où il était alors], Voiture, Lett. 37. Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ? La Fontaine, Fabl. VII, 10.

  • 8Château de cartes, sorte de construction à plusieurs étages que font les enfants avec des cartes. Et passait des jours entiers à faire des châteaux de cartes, Scarron, Virg. trav. liv. VI.

    Fig. Château de carte ou de carton, petite maison de campagne d'une construction peu solide.

    Jeu d'enfants. Voyez CHÂTELET.

  • 9Château d'eau, grand réservoir d'où l'eau se distribue immédiatement aux fontaines.

    Réservoir d'eau placé dans les gares et ateliers des chemins de fer pour alimenter la chaudière des locomotives.

  • 10 Terme de marine ancienne. Espèce de logement qui était élevé sur la poupe ou sur la proue d'un vaisseau. Château d'arrière, de proue, d'avant. Les officiers étaient sur le château de poupe avec les passagers, Chateaubriand, Génie, I, V, 12.
  • 11 Terme de blason. Château fondu, celui qui est représenté en sa partie d'en haut seulement, celle d'en bas semblant coupée.

    PROVERBE

    Ville prise, château rendu, c'est-à-dire on ne peut guère tenir dans le château quand la ville est prise, et aussi, quand le principal est obtenu, les accessoires ne peuvent guère manquer de suivre.

HISTORIQUE

XIe s. [Il] prent i chastels et alquantes citez, Ch. de Rol. CLXXXV.

XIIe s. Il n'i a cel n'ait chastel ou donjon, Ronc. p. 186. Si [la reine Blanche] fait fermer [fortifier] chastiaus, pour mieux valoir ; De tant sont ja par lui [elle] creü si hoir, Hues de la Ferté, Romancero, p. 183. Il fait creuser souz terre à pic et à martel à ses engigneors [ingénieurs], dont ot pris maint chastel, Sax. IX. Allemagne [ils] ont destruite et tous les chastiax frais [brisés], ib. X.

XIIIe s. Une tor [tour] a ens el castel De marbre poli tot novel ; Li casteaus est fais à compas, Partonop. V. 943. Maint chastel abatu, mainte vile essilie [ruinée], Berte, II. Un très riche chastel qui siet très noblement [entre deux rivières], ib. IX. Lors feras chastiaus en Espaigne, Et auras joie de noient, Tant cum tu iras foloiant En la pensée delitable, Où il n'a fors mençonge et fable, la Rose, 2452. Vous savez que le roi de France guerroie au roy d'Engleterre et savez que le chastiau qui est plus en la marche de eulz deux, c'est la Rochelle en Poitou, Joinville, 197. Quant je oy ce, je me levai de mon lit où je gisoie, et alai ou chastel avec les mariniers, Joinville, 283.

XVe s. Tout à part moy, en mon penser m'enclos, Et fais chasteaulx en Espaigne et en France ; Oultre les monts, forge mainte ordonnance ; Chascun jour, j'ay plus de mille propos, Orléans, Rond. Et assiegea ung petit chastel où il y avoit des gens de guerre, Commines, I, 2. Et me fist on mon foing ronger Tout à par moi, à ceste enseigne, Que je commençai à songer Que faisoys chasteaulx en Espagne, Coquillart, Monologue de la botte de foin. Et le songer fait chasteaux en Asie ; Le grand desir la chair rassasie, Pierre Gringoire, Menus propos, dans LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 487. Bon chasteau garde qui sait son corps garder, ID. ib. Je vays, je viens, le trot et puis le pas, Je dis ung mot, puis après je le nye, Et si bastis sans reigle ne compas Tout fin seullet les chasteaux d'Albanye, le Verger d'honneur, f° E. III, dans Ducatiana, t. II, p. 479.

XVIe s. Car chastellain n'est point du chasteau sire, S'il n'a les clefs de derriere et devant, Marot, J. V, 46. Chasteau pris n'est plus secourable, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 487. Chasteau abbatu demy refaict, Leroux de Lincy, ib.

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Étymologie de « château »

Picard, catiau, catieu, catcheu ; bourguig. chaitéa ; provenç. castelh ; catal. castell ; espagn. castillo ; ital. castello ; du latin castellum, diminutif de castrum, lieu fortifié. En vieux français, le nominatif est li chastels ou chastaus ; le régime est le chastel ; le nominatif pluriel li chastel, le régime pluriel les chastaus. La locution faire des châteaux en Espagne se trouve dès le XIIIe siècle ; on ignore quelle occasion y a donné naissance. A la vérité on lit dans le Mercure français, t. IV, p. 59 (1616) : Dans l'ancien domaine d'Espagne, l'Espagnol n'y permet aucun fort, d'où est venu le proverbe faire des châteaux en Espagne, pour signifier faire chose inutile. Ce qui ajoute à l'incertitude de cette explication, si incertaine en elle-même, c'est qu'on a dit aussi château en Asie, château en Albanie ; de sorte que, au fond, cela veut dire faire des châteaux en pays étrangers, là où l'on n'est pas, c'est-à-dire se repaître de chimères ; le nom de l'Espagne a fini par prévaloir, sans doute parce qu'il était très connu par les récits de Roland.

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(Xe siècle) Du moyen français chasteau, chastel, de l’ancien français chastel, castel (« petit château »), du latin castellum, diminutif de castrum (« camp »).
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Phonétique du mot « château »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
château ʃato

Fréquence d'apparition du mot « château » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « château »

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Citations contenant le mot « château »

  • La chevalerie : délivrer de belles vierges des châteaux des autres pour les enfermer dans le sien.
    Levison
  • On oublie souvent de dire que les meilleurs créneaux sont ceux des châteaux forts.
    Pierre Palmade
  • Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait châteaux en Espagne ?
    Jean de La Fontaine — Fables, la Laitière et le Pot au lait
  • La maison d'un homme est son château.
    Edward Coke — Institutes
  • L'esprit du château fort, c'est le pont-levis.
    René Char
  • Les châteaux en Espagne qui ne coûtent rien à construire sont ruineux à démolir.
    François Mauriac
  • Mener la vache au château et elle s'enfuira vers l'étable.
    Proverbe irlandais
  • La pomme de terre, le légume de la cabane et du château.
    Louis de Cussy
  • Ton ami te fait un château et ton ennemi un tombeau.
    Proverbe russe
  • Celui qui n'a jamais vu de château admire une porcherie.
    Proverbe yougoslave
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Traductions du mot « château »

Langue Traduction
Anglais castle
Espagnol castillo
Italien castello
Allemand schloss
Portugais castelo
Source : Google Translate API

Synonymes de « château »

Source : synonymes de château sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « château »

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Château

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