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Être habillé comme l’as de pique : définition et origine de l’expression

Vous a-t-on déjà dit que vous étiez habillé comme l’as de pique ? Si vous avez reçu ce commentaire peu flatteur, peut-être est-il temps de reconsidérer votre garde-robe et de changer de style vestimentaire, car la formule est loin d’être un compliment !

Toutefois, alors que son caractère péjoratif est largement connu, l’histoire derrière l’expression « être habillé comme l’as de pique » l’est nettement moins. En effet, contrairement aux autres figures du jeu de cartes comme le valet, la dame ou le roi, qui sont représentés sous forme humaine avec des habits, l’as est simplement un symbole géométrique, et ne porte aucun vêtement. D’où vient donc cette curieuse comparaison ?

C’est ce que nous allons découvrir dans cet article. Découvrez dès maintenant la définition et à l’origine de l’expression « être habillé comme l’as de pique »

Définition de l’expression « être habillé comme l’as de pique »

Lorsque l’on dit de quelqu’un qu’il est « habillé comme l’as de pique », on sous-entend qu’il est très mal vêtu, avec des habits mal assortis ou de mauvais goût. Cette expression familière sert à décrire une apparence peu soignée ou une tenue démodée.

Dans un sens plus large, « l’as de pique » est une locution péjorative pour désigner quelqu’un de marginal, d’idiot ou d’infréquentable. Elle peut également s’appliquer à une personne dont l’attitude est peu raffinée, voire grossière.

On trouve plusieurs variantes de cette expression, comme « être habillé à l’as de pique », « vêtu comme l’as de pique », ou encore « avoir l’air de l’as de pique ». Citons enfin trois expressions plus familières encore : « fagoté comme l’as de pique », « foutu comme l’as de pique » et « ficelé comme l’as de pique ».

Origine de l’expression « être habillé comme l’as de pique »

Les avis divergent quant à l’origine de l’expression « être habillé comme l’as de pique ». Selon certains, l’as de pique est d’ailleurs la plus belle carte — en particulier dans les jeux d’origine anglaise, où elle est souvent la plus ornée et la plus décorée, car la seule visible à travers le cellophane d’un paquet neuf.

Pourtant, lorsqu’elle apparait chez Molière au XVIIe siècle, l’expression revêt un caractère péjoratif. Dans sa pièce Le dépit amoureux, le dramaturge désigne ainsi un personnage ridicule, maladroit, et incompétent. « As de pique » est alors synonyme d’idiot, de bon à rien, voire de moins que rien.

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L’explication à cette comparaison se trouverait dans l’argot du XVIIe siècle. La forme du pique, rappelant vaguement celle d’un croupion de poulet, aurait donné naissance à l’expression argotique « as de pique » pour désigner l’anus, de manière vulgaire. Par conséquent, traiter quelqu’un d’as de pique revenait à le qualifier à demi-mot de « trou-du-cul ».

Selon une autre interprétation, l’expression « avoir l’air de l’as de pique » signifiait d’abord « être mal coiffé ». La coiffure ébouriffée des hommes négligés évoquait alors les plumes restantes sur le croupion des volailles plumées. Cette ressemblance supposée aurait engendré l’expression.

Si cette origine vous semble amusante, sachez qu’il ne s’agit pas de la seule expression française inspirée par le postérieur des volatiles : sans doute connaissez-vous le nom commun « cul-de-poule », qui désigne notamment un genre de saladier, et que l’on retrouve aussi dans la formule « bouche en cul de poule »

Moins connue, mais tout aussi cocasse, la locution « il ne faut pas compter les œufs dans le cul de la poule » signifie qu’il ne faut pas anticiper les résultats avant qu’ils ne se concrétisent ; elle est voisine de l’expression « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ».

Exemples de l’usage de l’expression « être habillé comme l’as de pique »

« Tu me payes un café ? » elle a demandé, « Voilà, voilà, je me doutais, elle allait réclamer quelque chose, je m’en doutais » je l’ai de nouveau regardée du haut en bas, elle était fagotée comme l’as de pique, son chemisier pas net la boudinait, sa jupe était tout élimée, ses habits semblaient récupérés, dans une poubelle, peut-être ?

Richard Beugné, Les confessions de Nono Crobe

On cherchait simplement à se maintenir, troupeau sans ambition. Des exceptions, il y en avait, Leguet, la bosseuse à mort, une des rares dont on est sûre qu’elle ira loin, mais pas question de l’admirer, quelle touche, renfrognée, habillée comme l’as de pique, son intelligence ne suscite aucune envie, on la plaindrait plutôt à cause du reste.

Annie Ernaux, La femme gelée

Dans la salle d’attente du Centre de Réforme, où ils attendent de passer la visite, deux cents Français moyens, anciens combattants, ni bourgeois, ni peuple, mais de cette classe intermédiaire qui fait la France, avec leur génie français d’être ficelés comme l’as de pique, et leurs visages blêmes, ah, ma foi, pas beaux, de Parisiens.

Henry de Montherlant, Les jeunes filles
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Nicolas Lafarge-Debeaupuis

Nicolas Lafarge-Debeaupuis est rédacteur indépendant, et prête ses mots à différents médias et entreprises. Se décrivant volontiers comme « un geek avec une plume », il se sent dans son élément naturel lorsqu’il écrit sur des sites web tels que La langue française.

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