La langue française

Accueil > Dictionnaire > Définitions du mot « diable »

Diable

Variantes Singulier Pluriel
Masculin diable diables

Définitions de « diable »

Trésor de la Langue Française informatisé

DIABLE1, subst. masc.

I.− [Selon les croyances (judéo-)chrétiennes et dans la tradition pop., le diable comme être spirituel] Esprit, principe du mal. Anton. Dieu.« Dargelos, que penses-tu du diable? » − « Le diable? C'est les défauts de Dieu » (Cocteau, Fin Potomak,1940, p. 117):
1. ... nous voyons dans la cosmogonie ou genese des Hébreux deux principes, l'un appelé Dieu, qui fait le bien, (...) et après lui vient un autre principe, appelé démon ou diable, et Satan, qui corrompt le bien qu'a fait le premier, et qui introduit le mal, la mort et le péché dans l'univers. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 86.
A.− THÉOLOGIE
1. Rare, au sing. ou au plur. Ange révolté contre Dieu, déchu et précipité en Enfer, qui pousse les humains à faire le mal. Synon. plus fréq. démon (cf. ange I B).S'il est souvent question des anges dans l'Évangile, il est encore plus souvent question des diables et de Satan (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 855).
2. Au sing. Le Diable ou le diable. Le prince des anges déchus. Synon. Belzébuth, le démon, Lucifer, Satan :
2. Tout en unissant les anges déchus au diable, leur chef, tant pour la chute que pour la punition, il [saint Augustin] en parle souvent séparément, ... Théol. cath., t. 4, 1,1920,p. 368
Rem. Diable est peu employé dans le vocab. théologique.
B.− Cour. Être surnaturel rusé, personnification du mal, s'opposant à Dieu, auquel la tradition populaire prête un aspect repoussant (corps noir et velu, muni d'une queue, avec des cornes sur la tête, des pieds fourchus), mais se donnant parfois une apparence avenante ou séduisante pour entraîner plus sûrement les hommes au mal, au péché. Elle [Renée] pâlissait à l'idée du diable et de ses chaudières (Zola, Curée,1872, p. 421):
3. ... on croit au diable! Ah! mais pas au diable ordinaire, à celui-là en justaucorps écarlate avec sa grande queue et ses cornes, pas même à celui de Dostoiewski, le petit homme bedonnant à giletière. Giono, L'Eau vive,1943, p. 29.
SYNT. Les cornes, les oreilles pointues, la longue queue du diable; les artifices, les ruses du diable; la puissance, les pouvoirs du diable; une tentation du diable; craindre, invoquer le(s) diable(s); les diables de l'Enfer; les supplices des diables en Enfer; chasser les diables; malin, méchant, rusé comme le/un diable; jurer, pester comme un diable.
P. méton. Figuration, représentation du diable. Charles X a fait couper les têtes de diables du portail (Michelet, Journal,1833, p. 112).
C.− Loc. et expr.
1. [P. réf. aux caractères surnaturels ou aux traits de merveilleux attribués au diable; la notion relig. ou magique étant présente]
a) [Le diable en tant qu'objet d'une croyance] Les adorateurs du diable.
Ne croire ni à Dieu* ni à diable. Ne croire en rien. Il ne croyait, le bon bougre, ni à Dieu ni à diable (Verlaine, Œuvres complètes,t. 4, Mes hôp., 1891, p. 354).
Brûler une chandelle au diable (vieilli). ,,Flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose`` (Ac. 1835, 1878).
b) [Le diable muni d'un pouvoir de contre-Dieu]
Être possédé du diable. Être livré corps et âme au pouvoir du diable. Depuis deux ans vous êtes possédée du diable (Curel, Nouv. Idole,1899, II, 1, p. 191).
Faire, conclure, signer un pacte avec le diable; donner*, vendre* son âme au diable. Conclure avec le diable un pacte selon lequel il accorde certains privilèges pendant la vie terrestre en échange de la vie éternelle (v. âme ex. 21).
Avocat du diable. RELIG. [Lorsqu'il s'agit de canoniser un bienheureux] Celui qui plaide contre la personne défunte pour prouver qu'il n'y a rien d'extraordinaire dans tout ce qu'elle a fait. P. ext., lang. cour. Celui qui, en vue de chercher la vérité, par jeu ou par tempérament, défend la cause contraire à celle qui vient d'être soutenue devant lui (v. avocat ex. 7).
En partic., fam. [Dans un serment, pour renforcer l'idée exprimée, ou pour exprimer l'étonnement, l'irritation]
De par le diable! de par tous les diables! Je n'en ferai rien, de par tous les diables (Ac.1835-1932).
Du diable si..., au diable si... Au diable si l'on m'y attrape (Ac. 1835-1932). Du diable si je sais maintenant pour qui et pour quoi je me battais (Hugo, M. Tudor,1833, journ. 1, 2, p. 17).
(Que) le diable m'emporte, me brûle (vous emporte, vous brûle) si... (Que) le diable m'emporte! Le diable m'emporte si je sais ce que ton maître veut me dire... Je ne comprends rien à sa lettre (Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, 1859, p. 139).Le diable vous emporte de partir trop tôt! (Renard, Journal,1904, p. 910).[En parlant de qqc. ou de qqn dont on voudrait se débarrasser] Le diable l'emporte, votre Cercle du château d'Eau (...) En deux mois M. Georges a laissé plus de trente mille francs chez vous (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 141).
[Dans un juron] De par le diable! de par tous les diables!
[Le diable en tant qu'intervenant dans le destin des grands pécheurs pour les emmener en Enfer] Ne craindre ni Dieu*(,) ni diable. Agir sans crainte, sans être retenu par quelque règle, quelque loi ou quelque scrupule; ne reculer devant rien, n'avoir peur de rien.
c) [Le diable en tant qu'il a des facultés, des pouvoirs très étendus; p. réf. à ses attributs supranaturels tels que la puissance et la connaissance]
Le diable ne lui ferait pas faire telle chose. Il est impossible de lui faire faire telle chose. Le diable ne lui ferait pas lâcher prise (Ac.1835-1932).
Quand le diable y serait. Bien que cela soit incroyable, difficile ou impossible. Mais vous avez eu tort, mon fils, de mettre les cinquante pucelles du roi Hercules dans votre affaire où, quand le diable y serait, je n'en vois qu'une (France, Contes Tournebroche,1908, p. 10).
Le diable n'y verrait goutte. C'est une chose difficile à comprendre, à éclaircir. L'affaire est maintenant si embrouillée que le diable n'y verrait goutte (Ac.1835-1932).
[En parlant d'une chose qu'on ne comprend pas, qu'on ne s'explique pas] Le diable sait... Allé chez Daune. Fait rougir sa femme, le diable sait pourquoi (Barb. d'Aurev., 1erMemor.,1837, p. 130).Très souvent, Madame rentrait en retard, venant le diable sait d'où (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 236).
P. plaisant. Le diable y perdrait son latin. Laissez-la donc, dit Vaucorbeil, rien d'étonnant, après tout! une hystérique! le diable y perdrait son latin! (Flaub., Bouvard,t. 2, 1880, p. 76).
2. [P. réf. à l'apparence physique que la tradition pop. prête au diable]
a) [Le diable en tant qu'être difforme et laid]
Être noir comme le diable. Être d'un noir très sombre. Synon. noir comme du charbon, comme de l'encre.Ses cheveux, [du Grand-Serin] ses sourcils, ses cils, tout cela est noir comme le diable (Colette, La Vagabonde,1910, p. 104).
Faire une mine du diable. Faire triste mine. Le lendemain de la bataille, (...) les généraux avaient aussi des figures riantes! Aujourd'hui, tous font des mines du diable... (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 194).
Tirer le diable par la queue (fam.). Vivre dans la gêne, avec très peu de ressources. Nous allons, en attendant, continuer à tirer le diable par la queue et nous aurons, dès la fin du mois, le plus grand mal à joindre les deux bouts (Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 106).
Avoir la queue du diable dans sa poche (fam.). Être dans le besoin, être sans argent. Synon. avoir le diable dans sa bourse (cf. infra 3 b).Me voilà, à deux heures du matin, loin de chez moi, lâché par les rues, affamé, gelé, et la queue du diable dans ma poche (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 57).
Il mangerait le diable et ses cornes (vieilli). Il est affamé au point de manger n'importe quoi; il est un grand mangeur (cf. Ac. 1835-1932).
b) [Le diable en tant qu'il peut se donner une apparence séduisante]
Proverbe, vieilli. Le diable était beau quand il était jeune. ,,La jeunesse a toujours quelque chose d'agréable même dans les personnes les plus laides`` (Ac. 1835, 1878).
La beauté du diable. La beauté, l'attrait que donne la jeunesse à une femme qui n'est ni belle ni laide. Il y a dans la jeunesse littéraire, comme dans la jeunesse physique, une certaine beauté du diable qui fait pardonner bien des imperfections (Baudel., Art romant.,1867, p. 566).
3. [P. réf. aux attributs moraux, aux pouvoirs, aux attitudes que la tradition pop. prête au diable, la notion relig. étant absente ou peu marquée]
a) [Le diable en tant qu'il est malfaisant]
Proverbe, vieilli. Il vaut mieux tuer le diable que le diable vous tue. ,,Dans le cas de défense personnelle, il vaut mieux tuer son ennemi, que de s'en laisser tuer`` (Ac. 1835, 1878).
Le diable s'en mêle. Dès l'instant que le diable s'en mêle, il n'y a plus de gentillesse qui tienne (Gide, Retour Tchad,1928, p. 928).
[Avec l'idée de difficulté] Le diable c'est de + inf. (que + subj.).Le diable, c'est lorsqu'il faut exprimer des idées inconnues aux Florentins du XVesiècle (Stendhal, Rome, Naples et Flor.,1817, p. 151).
b) [Le diable étant conçu à l'image de la condition humaine]
Proverbe. Quand le diable devient vieux il se fait ermite*.
[En tant que symbole de malheur, de malchance]
Proverbe. Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme. Une personne malheureuse ne reste pas continuellement dans l'adversité :
4. Je sais que t'as eu de grands malheurs [le bagne], (...) mais le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, et si tu veux, je puis te faire gagner quelque chose. Vidocq, Mémoires de Vidocq,t. 3, 1828-29, p. 105.
Fam. Avoir, loger le diable dans sa bourse. Être sans le sou. Fanny-Beaupré s'était levée, et le jeune clerc, (...) n'osa pas se retirer en disant que sa bourse logeait le diable (Balzac, Début vie,1842, p. 462).
[En tant que symbole de la ruse ou de la contradiction]
Proverbe, vieilli. [P. réf. à St Jean 8, 44] Les menteurs sont les enfants du diable (cf. Ac.1835, 1878).
Le diable bat sa femme et marie sa fille. ,,Se dit quand il pleut et qu'il fait soleil en même temps`` (Ac. 1835-1932).
c) [Diable a un contenu intensif ou hyperbolique, parfois valorisant]
α) [Avec l'idée dominante d'énergie, de vivacité ou de désordre, de complication]
[P. réf. à Méphisto, symbole de l'activité débordante]
Une activité du diable. Une activité fébrile, très intense. Il faut le voir [Margaillan] sur ses chantiers, au milieu de ses bâtisses : une activité du diable (Zola, Œuvre,1886, p. 171).
Avoir le diable au corps* (cf. corps II B 2 a et II B 3).
Se donner au diable. ,,Se dit lorsqu'on se donne beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose``. (Ac. 1932 Certes, la chose est aisée, et il ne faut pas se donner au diable pour la faire (Ac.1932).
[P. allus. à l'attitude attribuée au diable en présence d'eau bénite] Se débattre, se démener, s'agiter comme un diable au fond d'un/dans un bénitier; p. ell. se débattre, gesticuler comme un (beau) diable. S'agiter beaucoup, être mal à son aise, s'efforcer de sortir d'une situation désagréable (v. bénitier ex. 4).Au fig. Et bien, cet insatiable Opéra-Comique (...) faisait des efforts du diable pour attirer le public, et le public se sauvait comme un beau diable (H. Berlioz, Grotesques mus.,1869, p. 110):
5. Celui qu'on surnommait « le terrible vieillard » [Luigi Savone] faisait depuis des années figure de diable dans le bénitier des cours européennes. Il avait débuté dans la vie comme un apôtre et montré par la suite qu'il avait aussi l'étoffe d'un aventurier de grande envergure. Giono, Bonheur fou,1957, p. 15.
[P. réf. aux diableries* (à quatre personnages) au cours desquelles les diables s'agitaient frénétiquement] Se battre comme des diables. Faire le diable à quatre, faire le diable. Faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre. C'est un demi-sang [son cheval] (...) très-méchant, en ce qu'il fait le diable quand il ne la voit pas tous les jours à son heure (Feuillet, Scènes et prov.,1851, p. 322).P. ext. Se dépenser beaucoup pour quelque chose. Il a fait le diable à quatre pour l'obtenir, pour l'empêcher (Ac.1835, 1878).
Emploi subst. Le diable à quatre. Personnage très turbulent, agité. Couturat, l'enfant, le diable à quatre, le collégien, le faiseur de bulles de savon, l'enleveur des chaises sous le séant des gens (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 15).
β) [Avec l'idée d'excès, de quantité excessive]
[P. réf. à l'idée d'activité débordante, cf. supra α] Subst. + du diable/de tous les diables (de l'Enfer)
[En parlant de bruit, de désordre] Un barouf, un boucan, un charivari, un potin, un raffut, un tapage, un vacarme du diable. La première division a profité de l'inattention directoriale pour se livrer à un sabbat de tous les diables; on entend des tapes de règles sur des mains, des gloussements de gamines qu'on pince (Colette, Cl. école,1900, p. 36).Au fig. Un raffut de tous les diables autour du « Tour de France » cycliste, sur lequel, (...), tout l'univers aurait les yeux fixés. « Le plus important du monde » (Gide, Journal,1942, p. 109):
6. Mais dès qu'il s'agit, dans leurs inventions littéraires [de nos auteurs dramatiques], d'un adultère, cela devient une affaire de tous les diables et comme si le cas était pendable au premier chef. Sainte-Beuve, Les Cahiers,1969, p. 133.
[En parlant d'un attribut humain, d'un comportement, en partic. de la peur] Une frousse, une peur, une trouille du diable, de tous les diables; avoir un esprit de tous les diables. Il faut un toupet de tous les diables pour entreprendre le buste d'un individu aussi dangereux (Bloy, Journal,1904, p. 242).Se donner un mal du diable. Se donner beaucoup de mal. Elle [madame Sidonie] colportait ainsi des dossiers au fond de son panier pendant des semaines, se donnant un mal du diable (Zola, Curée,1872, p. 71).Je me donne un mal de cinq cents diables pour mon bouquin (Flaub., Corresp.,1874, p. 223).
[En parlant d'un fait, d'un événement pénible, fâcheux] Une difficulté du diable; une pluie, un vent du diable. Débarrassez-moi de tous ces grands messieurs-là, qui me font une dépense de tous les diables et qui mettent ma maison sens dessus dessous (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 355).Il y a là une gorge qui souffle un froid du diable en ce pays (Zola, Contes Ninon,1864, p. 200).
Emploi subst. masc. ou fém. dans une loc. à valeur d'adj. Un(e) diable de + subst. [En parlant d'une chose, d'un événement, d'une pers.] Qui est fâcheux, difficile, irritant ou simplement remarquable ou curieux. Une diable de pluie, un diable de vent (Ac.). Quelle diable d'anecdote viens-tu me conter là! Si tu crois que je te crois! (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 420).Ce diable de chameau tanguait comme une frégate (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 118).Vous auriez ri de voir les petits châtelains tourner autour de ses jupes, (...), avec (...), leurs pantalons collants, et leurs diables de bottines pointues (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1535):
7. C'est un diable d'homme assez bizarre, grand, sec, à nez crochu, sanglé, botté, coiffé haut, qui se déhanche en marchant avec des airs d'acrobate et une certaine mine de mauvais sujet. Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 92.
[Diable impliquant l'idée de valeur]
Ne pas valoir le diable. N'avoir aucune valeur, aucun intérêt. L'ouvrage du solitaire de la Trappe ne vaut pas le diable (Chateaubr., Rancé,1844, p. 200).En d'humides tabacs ne valant pas le diable (Laforgue, Poés.,1887, p. 167).
Ne pas gagner le diable. Gagner peu (d'argent). C'est bon de servir la police, c'est juste; mais aussi on ne gagne pas le diable (...) il y a deux ou trois affaires que je reluque (Vidocq, Mém.,t. 3, 1828-29, p. 30).
Ce n'est pas le diable. C'est peu de chose; ce n'est pas difficile. Réussir à cet examen ce n'est pas le diable (Rob.).Quoi? que voulez-vous dire? ... Que vous êtes notaire impérial, (...) Eh bien, après... notaire, voilà-t-il pas le diable (Labiche, Major Cravachon,1844, p. 220).
γ) [Avec l'idée de distance, p. réf. à la profondeur insondable de l'enfer]
Aller, demeurer, être, habiter au diable, au diable Vauvert, ou diable (au) vert. Excessivement loin. Aller se faire casser les os, Dieu sait où, au diable au vert (Pourrat, Gaspard,1922, p. 222).Ce verger où il va, (...) c'est dans le territoire de Reillanne, au diable vert, mais il l'a eu pour un morceau de pain (Giono, Colline,1929, p. 48).Le cheminot habitait au diable vauvert (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 105).Sa femme est aux mille diables, en province (Anouilh, Répét.,1950, III, p. 88).
Rem. Ac. indique que les tournures au diable au vert et au diable vert sont abusives.
S'en aller au diable, à tous les diables. S'en aller très loin, disparaître. Mon chapeau, emporté par le vent, s'en est allé à tous les diables (Ac.).P. ext. Échouer. Synon. tomber à l'eau.Je crains bien que mon mariage ne s'en aille à tous les diables (Ac.).
[En parlant de qqc. ou de qqn qu'on souhaiterait voir disparaître] Envoyer au diable, ou, sous la forme exclam. va, allez au diable!, p. ell. au diable! Va au diable avec tes histoires! Au diable tout cela! Le cœur se rouille. Dérouillons-le. Et pour cela envoyons au diable les rancunes (Bernanos, Lettres inéd.,1906, p. 1737).Oh! qu'il aille au diable avec son mulet! C'en est trop (Claudel, Raviss. Scapin,1952, préf., p. 1331).
d) Loc. adv.
α) En diable. Extrêmement, excessivement. Mentir en diable. Cette eau de vie est forte en diable (Ac.1835).Romagnesi que j'ai vu ainsi que sa femme, grosse mère appétissante encore, coquette en diable et observatrice (Barb. d'Aurev., 1erMemor.,1837, p. 121).
β) À la diable. À la manière du diable.
En toute hâte, à la va-vite. Je ne sais comment m'excuser du « mal fichu » de cette lettre écrite à la diable et d'arrache-pied (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 105).Oh celui-ci est un zozo [le directeur de la Sûreté Générale], embauché à la diable, et qui ne connaît rien à la question (L. Daudet, Médée,1935, p. 128).
D'une manière désordonnée, négligée. Les cheveux noués à la diable, de beaux cheveux épais et noirs, mais qu'on devinait peu brossés (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Duchoux, 1887, p. 702).Une chemise lavée à la diable par un brosseur (Goncourt, Journal,1888, p. 790).
CUIS. [P. réf. au feu de l'enfer] Mode de préparation d'une viande cuite au gril, servie avec une sauce très épicée à base de vin blanc et de vinaigre. Ce sont surtout les volailles que l'on cuit à la diable, c'est-à-dire en les aplatissant après les avoir fendues sur le dos, en les grillant, puis en les saupoudrant de chapelure blanche dorée ensuite sur le gril (Ac. Gastr.1962).
e) Interj. et loc. interj., fam., vieilli. [Avec l'idée (affaiblie) d'appel à la puissance du diable, ou pour prendre à témoin le diable en tant qu'être supranaturel]
α) Diable! [Pour appuyer vivement une déclaration, pour marquer la surprise, l'admiration, la perplexité, l'irritation, etc.] Diable! comme vous y allez! Diable! cela devient sérieux. Diable! Il se fait tard... Il faut rentrer... Adieu (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 452).Diable! dit-elle, voilà la peur qui me galope. Je n'ose plus, je n'ose plus (Halévy, Mar. d'am.,1881, p. 188).
β) Que diable! [Employé tantôt pour marquer la surprise, tantôt pour souligner énergiquement une affirmation] Que diable! vous avez peur? (Ac.).« La vie n'est pas un roman », que diable!... (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 102):
8. Il [le professeur de philosophie du lycée] aimait à prouver l'existence de Dieu, (...) Il lui fallait de l'attention. Que diable! voulait-on qu'il prouvât l'existence de Dieu, oui ou non! Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 33.
γ) [Après des interrogatifs (combien, comment, où, pourquoi, quand, que, qui, quoi), marquant la perplexité, l'incertitude] Comment diable vais-je m'y prendre? À quoi diable s'amuse-t-il? (Ac.).Qui diable a pu lui conseiller de venir ici? (Balzac, A. Savarus,1842, p. 20).My dear major, pourquoi diable mêler à ces questions vos sentiments personnels? (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 31).
Rem. Diable apparaît en outre dans diverses loc. interj. plus ou moins vivantes, marquant l'emportement (v. dieu, 2esection II B 3 b). Mille millions de diables! Que j'enrage! Tenez, voilà les courriers de Trebbio qui arrivent (Musset, Lorenzaccio, 1834, V, 5, p. 264). Cornes du diable et nombril du Pape! beugla le Tyran, je me contenterais d'un brouet lacédémonien s'il était servi sur l'heure! (Gautier, Fracasse, 1863, p. 63). Il le ferait, nom d'un diable! Il ne se laisserait pas noyer! (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 172).
II.− Autres sens, diable dans l'ordre naturel.
A.− [Désigne des pers.; p. réf. aux caractères attribués au diable]
1. [Gén. en mauvaise part] Personne qui a la ruse, la méchanceté, la violence ou les vices attribués au diable. Ne vous y trompez pas; cet oncle vénérable Avant le mariage était un rusé diable (Augier, Gabrielle,1850, I, p. 3).Mademoiselle de Trécœur, cet ancien diable incarné, allait prendre le voile (Feuillet, J. de Trécœur,1872, p. 53).Cette petite infanterie [les chasseurs de Vincennes] est terrible, au siège de Rome ils mordaient à l'assaut comme des furieux; ces gamins sont des diables (Hugo, Hist. crime,1877, p. 95).Un vrai diable, cette Abeline, mon aînée d'un an ou deux, et toujours prête à me taquiner (Arène, Veine d'argile,1896, p. 60).
[En constr. d'attribut, avec valeur d'adj.] Au fig., vieilli. Il n'est pas si diable qu'il est noir. ,,Cet homme n'est pas si méchant qu'il le paraît`` (Ac. 1835, 1878). Le prince n'est pas si diable qu'il est noir, et je ne le crains guère (Sand, Ctesse de Rudolstadt,t. 2, 1844, p. 28).
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi de diable au fém. Elle accoucha en plein champ par un matin de printemps. Quand les sarcleuses, accourues à son aide, virent la bête qui lui sortait du corps, elles s'enfuirent en poussant des cris. Et le bruit se répandit dans la contrée qu'elle avait mis au monde un démon. C'est depuis ce temps qu'on l'appelle « la diable » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mère aux monstres, 1883, p. 369).
2. [Gén. en bonne part] Personne (en particulier enfant) turbulente, espiègle ou malicieuse. Un bon petit diable. En voyant entrer, à la place du petit diable turbulent qu'elle attendait, ce grand garçon pâle, (...), Mademoiselle joignit les mains (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 760).
Emploi adj. Marie et Geneviève grandissent, et sont étonnamment diables (Mallarmé, Corresp.,1867, p. 243).J'espère que vos petites-filles sont venues à Carabanchel... Je les voudrais bien diables pour vous faire enrager et vous distraire toute la journée (Mérimée, Lettres ctesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 17).
3. Expressions
a) [Marquant gén. la sympathie mêlée d'indulgence]
Un pauvre diable. Un pauvre homme; un homme misérable, qui inspire la pitié. Synon. un pauvre bougre*.Les curieux s'étaient dispersés peu à peu; la lumière d'un réverbère, dans la brume, n'éclairait plus que Dingley et trois pauvres diables marqués de misère et de vice (Tharaud, Dingley,1906, p. 13):
9. C'était un pauvre diable sans âge bien défini comme on en voit au moins un dans chaque village, haillonneux, hirsute, l'œil naïf et rusé tout ensemble. Simenon, Les Vacances de Maigret,1948, p. 28.
Un pauvre diable de + subst. désignant une pers. Une idée de hasard, volée à un autre par un pauvre diable d'auteur prêt à défendre indifféremment le pour et le contre (Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, préf., p. 283).
Un bon diable. Un brave homme sans méchanceté; un homme sympathique, de commerce facile. Giraud avec sa figure de bon diable (Goncourt, Journal,1865, p. 181).Décidément les poètes sont de bons diables : ils élèvent les enfants des autres (Flaub., Corresp.,1874, p. 196).
Emploi en attribut avec valeur d'adj. Mais Schmit était assez bon diable et assez bon compagnon (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 69).Je suis bon diable, je sors de bonne volonté!... mais pour revenir... (Labiche, Un jeune homme pressé,1848, 1, p. 342).
Rem. On rencontre aussi, dans des cont. négatifs, méchant diable, mauvais diable. Même sens. Je ne suis pas un méchant diable; je suis un bon garçon... Mon Dieu! j'ai des défauts... Mais quoi! c'est la preuve qu'on a un bon cœur (Feuillet, Rom. homme pauvre, 1858, p. 269).
b) [Sans connotation affective] Un grand diable. Un homme de très grande taille, dégingandé. J'ai vu cinq ou six grands diables en bérets, mines rougeaudes, figures basses et féroces, comme celles des assassins de Goudeloup (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 7).Gaure avait cinquante-cinq ans. C'était un grand diable moustachu, bilieux, la face d'un Gaulois (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 71).
Un grand diable de + subst. désignant une pers. Deux grands diables de Provençaux (Loti, Matelot,1893, p. 35).Des grands diables de chasseurs aux rutilants uniformes de colonels poméraniens (Montherl., Célibataires,1934, p. 843).
4. Spéc., arg. milit. (1reGuerre Mondiale). Les diables bleus. Les chasseurs alpins (en raison de leur énergie, de leur vivacité et de la couleur de leur uniforme). Le père C..., (...), parle (...) avec tendresse, de son cher bataillon de chasseurs, de ses « diables bleus » (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 93).
B.− [Désigne certains animaux en raison de leur aspect hideux, de leur couleur noire, de leur cri, etc.]
1. Variété de cigale (cf. Ac.).
2. Singe du genre atèle. Diable des bois (Lar. 19e).
3. Oiseau nocturne de la Guadeloupe. Elles [les laves] ont des oiseaux qui leur sont propres, et (...) ceux appelés diables y habitent, comme dans le volcan de la Guadeloupe (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 237).
4. Baudroie; grande raie. Il [M. Chabre] venait d'amener un poisson étrange, un diable de mer, qui le terrifiait (Zola, Coquill. M. Chabre,1884, p. 293).Baudroie commune (...) appelée aussi (...) Diable (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 190).
C.− [Désigne des choses]
1. [P. réf. à l'apparence attribuée au diable]
a) JEUX. Jouet formé d'une boîte, de laquelle surgit une figuration du diable montée sur un ressort lorsqu'on libère le couvercle. Un homme sortit du tonneau, comme ces diables à boudin qui se dressent du fond des boîtes (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 1).Saillissant comme un diable cornu du fond d'une boîte à ressorts, ce drac se redressa d'un seul jet (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 230).
b) PHYS., vx. Ludion dont l'aspect rappelle celui du diable. Diables cartésiens. Un diable [est] constitué par un cylindre fixe hérissé intérieurement de pointes et à l'intérieur duquel tourne un autre cylindre (...) également armé de pointes (H. de Graffigny, Industr. caoutch.,1928, p. 185).
2. [P. réf. au feu de l'enfer] CUIS. Casserole double en terre poreuse dont une moitié sert de couvercle à l'autre, utilisée pour cuire à l'étouffée (d'apr. Ac. Gastr. 1962).
3. [Avec l'idée de bruit; cf. supra loc. un bruit, un vacarme du diable]
a) JEUX, vieilli. Bobine formée de deux boules creuses, percées chacune d'un trou dans un sens opposé, qui produit un ronflement bruyant lorsqu'on la fait rouler rapidement sur une corde faiblement tendue (v. diabolo1). En ce dimanche de la Toussaint, il y avait partout liberté de jouer au volant ou au diable, égalité dans les farandoles et fraternité devant les tréteaux (Morand, P. de Saligny,1947, p. 121).
b) MÉD., vx. Bruit de diable. Bruit vasculaire, à timbre bas, audible au stéthoscope, se produisant dans la jugulaire interne (d'apr. Garnier-Del. 1958).
4. [P. réf. aux méfaits du diable; cf. aussi avoir des idées noires*] Les diables bleus (vx). Accès de mélancolie. Tristesse au cœur. Horizons noirs. Sentiment de l'incurable, de l'impossible. (...). Assiégé par mes diables bleus (Amiel, Journal,1866, p. 275):
10. ... quand vous recevrez une de mes lettres, vous la jetterez au feu sans l'ouvrir, sûre que c'est un grenier de diables bleus et le plus ample magasin de mélancolie qui soit au monde. Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1850, p. 412.
Rem. On rencontre ds la docum. les diminutifs a) Diableteau, diableton, diabletot, subst. masc. Petit diable, jeune (enfant du) diable. Un petit monstre à tête de Dieu ou de diabletot (Milosz, Amour. initiation, 1910, p. 184). Les petits diables arrachaient le chaume. Le laboureur battit son blé (...) le porta au marché pour le vendre. Les diableteaux firent de même (France, Rabelais, 1924, p. 200). Il arrive des fois qu'il [le diable] s'ennuie et il dit à ses diabletons : « Prenez des palets » (Ramuz, Derborence, 1934, p. 19) ainsi que la tournure diabletot de + subst. « C'est la maison du passé, c'est la maison du passé », chantonne ce diabletot de clavecin (Milosz, op. cit., p. 125). Les dict. enregistrent aussi la forme diabloteau. b) Diablon, subst. masc. α) Petit diable. Il [Olivier] sautait dans son lit comme un diablon (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 184). β) Mar. Petite voile trapézoïdale qui se hisse au-dessus du diablotin (cf. diablotin rem.). Attesté ds la plupart des dict., qui attestent aussi la forme diablot, même sens.
Prononc. et Orth. : [dja:bl̥]; [ɑ] post. reproduit un a long du lat. médiév. Comparez avec [a] ant. du suff. -able. Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Warn. 1968 et Lar. Lang. fr. transcrivent [ɑ]. Mais Passy 1914 en admettant [ɑ] ou [a] dans diable et dans ses dérivés révèle la tendance à prononcer [a]. Le timbre ant. est donné ds DG, Dub. et Pt Lar. 1968. En ce qui concerne les dérivés la prononc. normale est [a] ant. puisque la syll. ne se trouve plus sous l'accent. Lorsque [ɑ] post. est maintenu c'est p. anal. avec diable (notamment dans le fém. diablesse). De toute façon plus ou s'éloigne de l'accent moins l'on a de chance de rencontrer [ɑ] (diaboliquement), de même lorsque le sens du dérivé s'éloigne du sens de diable. Pour Mart. Comment prononce 1913, p. 35 l'a dans les dérivés peut être ant. et d'apr. Kamm. 1964, p. 97 la prononc. par post. ne peut être qu'emphatique. Le tableau ci-dessous est significatif. Il comprend les dict. mod. donnant [ɑ] post. dans diable et rend compte de leur attitude dans les dérivés :
Graphèmes
Barbeau-Rhode 1930
Pt Rob.
Warn. 1968
Lar. Lang. fr.
Diablement
[ɑ]
[ɑ] ou [a]
[ɑ]
[ɑ]
Diablerie
[ɑ]
[ɑ] ou [a]
[ɑ]
[ɑ]
Diablesse
[ɑ]
[ɑ]
[ɑ]
[ɑ]
Diablotin
[ɑ]
[ɑ] ou [a]
[ɑ]
[ɑ]
Diabolique
[ɑ]
[ɑ] ou [a]
[ɑ]
[a]
Diaboliquement
-
[a]
-
[a]
Diabolisme
-
-
-
[a]
Diabolo
-
[a]
[ɑ]
[a]
Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 881 [ms. ixes.] diaule « le démon » (Séquence de Ste Eulalie ds Henry Chrestomathie, pp. 3, 4); fin xes. diable (Passion de Clermont, éd. d'A. S. Avalle, 102); 2. ca 1100 fig. vos estes vifs diables (Roland, éd. J. Bédier, 746); 1611 un povre diable (Cotgr.); 3. 1220-25 adj. (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 7074 ds T.-L.); 1692 ce chat, le plus diable des chats (La Fontaine, Fables, éd. Régnier, livre II, La ligue des rats, 27); 4. a) mil. xiies. interj. Porquoi deable? (Le Charroi de Nîmes, éd. A. Mac Millan, 1304); b) début xiiies. dyable de barel (Chevalier au barisel, éd. F. Lecoy, 474); ca mil. xiiies. il a le dëable el cors (De la damiselle qui ne vot encuser son ami ds Méon, Nouv. Rec., II, 134); 1694 tirer le diable par la queue (Ac.); c) 1665 sévère en diable (Molière, L'amour médecin, II, III); 1735 elle est en coëffe à la diable (J.-B. Gresset, Le caresme impromptu et le lutrin vivant ds Trév. Suppl. 1752). B. 1. 1552 diable de mer (R. Estienne d'apr. FEW. t. 3, 64b); 2. 1764 « levier » et « chariot » (Encyclop.); 3. 1835 le jeu du diable [cf. diabolo1] (Ac.). Empr. au lat. chrét. diabolus « diable » empr. au gr. δ ι α ́ ϐ ο λ ο ς « calomniateur », « diable » [ds la litt. chrétienne].
STAT. − Diable1 et 2. Fréq. abs. littér. : 6 145. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 657, b) 12 249; xxes. : a) 9 025, b) 5 900.
DÉR.
Diablement, adv.,fam. En diable (cf. diable1I C 3 d), excessivement, extrêmement. Synon. bougrement, diantrement, drôlement, terriblement.Cette petite dame avait, sous la pression de son désespoir, envoyé sa puissance vitale dans ses poignets. − Il en faut diablement pour rompre une barre de fer forgé... (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 503).Le bourreau m'a toujours fait l'effet d'un guerrier diablement large d'épaules (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 281).Je vous fiche mon billet qu'à vingt ans, elle était diablement belle (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 908).Rare. En grand nombre, beaucoup. À propos de curé, (...), j'en ai diablement vu en Syrie et en Palestine. Nous avons vu des capucins, des carmélites, etc. (Flaub., Corresp.,1850, p. 245). [djɑbləmɑ ̃] ou [dja-]. Cf. diable. Ds Ac. 1694-1932. 1reattest. xvies deablement (Brut, Maz. 1860, fo16 vods Gdf. Compl.); de diable, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 106.
BBG. − Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 125. − Barbier (P.). Noms de poissons. R. Lang. rom. 1915, t. 58, pp. 301-302. − Gall. 1955, p. 182. − Gottsch. Redens. 1930, passim.Hasselrot 1957, p. 211 (s.v. diableteau).Lew. 1960, p. 319, 331 (s.v. diableteau); p. 330, 331 (s.v. diabloton).Milner (M.). Le Diable dans la litt. fr., de Cazotte à Baudelaire. Paris, 1960, 622 + 573 p. − Orr (J.). ,,The Devil a bit``. Mod. Lang. R. 1952, t. 47, pp. 546-550. − Palgairolle (P.). Une anc. loc. proverbiale. Revue du Midi. 1911, no3, pp. 129-141. − Quem. Fichier. − Robert (I.). Vox populi. Déf. Lang. fr. 1973, no66, p. 21. − Rog. 1965, p. 102, 179, 180. − Stefenelli (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1955, pp. 2-3; 326-328. − Wind 1928, p. 17.

DIABLE2, subst. masc.

A.− Petit chariot à deux roues basses, que l'on pousse, utilisé surtout dans les entrepôts pour le transport des sacs, des caisses, etc. Les cris de ceux qui poussaient sur des diables des ballots monstrueux dans les pieds pressés des passants (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 318).Nous charrierons au petit galop (...) des cageots de choux-fleurs entassés sur un diable des Halles, pousse-pousse pour affamés de race blanche (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 123).
B.− Chariot à deux roues, que l'on tire, utilisé sur les chantiers pour transporter de gros fardeaux : pierres, bois de charpente, etc. Synon. éfourceau.Le diable est composé d'un essieu monté sur deux roues et muni d'une flèche (Chabat t. 1 1875).
Prononc. et Orth. Prononc. : cf. diable1. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. Cf. diable1.

Article lié : Au diable Vauvert : définition et origine de l’expression

Wiktionnaire

Interjection - français

diable \djɑbl\ ou \djabl\ invariable

  1. (Vieilli) Exclamation de surprise, d’admiration, de doute, de mécontentement, d’inquiétude, d’embarras, d’incertitude, etc.
    • Ah ! Ah ! Diable, et elle n’a pas d’autre titre à la curiosité des voyageurs. — (Alexandre Dumas, Impressions de voyage, La Revue des Deux Mondes, tome 1, 1833)
    • Je n’ai pas dit cela. Il se pourrait très bien que nous n’en n’ayons pas envie. Et heureusement, diable ! — (Alain Houziaux, La psychanalyse peut-elle guérir ?, L’Atelier, 2005, page 61)

Nom commun - français

diable \djɑbl\ ou \djabl\ masculin (pour une telle créature du sexe féminin, ou une femme, on dit diablesse)

  1. (Bible, Religion) Créature infernale.
    • Tu as parlé du diable, mon saint clerc : n’as-tu pas peur qu’il ne vienne te rendre visite pendant un de tes passe-temps rebelles aux canons ? — (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
    • Les vices et les passions dans l’art chrétien sont, comme le diable, symbolisés par des animaux. — (Charles Louandre, L’épopée des animaux, dans La revue des deux mondes, T. 4, 1853, page 1 150)
    • Lorsque la troupe des pastoureaux entra dans Orléans, le jour de saint Barnabas, l'évêque de cette ville interdit à tous ses clercs d'assister à ses prédications ; car, disait-il, ce sont les souricières du diable. — (Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi, Histoire des Français, T. 5, 1836, page 194)
    • Mais le diable a soufflé là dessus, de son haleine fiévreuse et empestée, et les pires billevesées ont pris leur vol. L’homme a inventé les dieux et il a crée l’amour avec son cortège de sensibleries ridicules ou criminelles. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, page 118)
  2. (Figuré) Personne très méchante, ou violente, emportée, ou d’une pétulance excessive, d’une turbulence incommode et bruyante.
    • Avec son air de douceur, cette femme est un vrai diable. – C’est un petit diable que cet enfant-là.
  3. (Par extension) Homme (voir pauvre diable)
    • Je ne vous garde pas rancune, car je suis bon diable, malgré mes airs d’ours […]. — (Comtesse de Ségur, L’Auberge de l’Ange Gardien, 1888)
  4. (Logistique) Outil de manutention muni de deux roulettes et de deux bras permettant de déplacer de lourds objets.
  5. Récipient de terre cuite qui permet de cuire sans eau à l’intérieur d’un feu.
    • Enfin, on appelait « diable » une poêle en terre cuite où l’on faisait « grâler » les marrons et les pommes de terre. — (Robert Colle, Légendes et contes d’Aunis et Saintonge, éditions Ruella, 1979, page 56)
  6. (Vieilli) Espèce de charrette à quatre roues fort basses, qui sert au transport de certaines marchandises et qui fait beaucoup de bruit en roulant sur le pavé.
  7. Nom vernaculaire d’une espèce de cigale.
  8. Nom vernaculaire de divers oiseaux.
  9. Nom vernaculaire de quelques poissons telles les baudroies.
  10. (Billard) (Québec) Long manche en bois avec un embout métallique ou en plastique sur lequel repose la flèche d’une queue de billard lorsque la boule est éloignée. Aussi appelé râteau ou baguette râteau.
  11. (Cartes à jouer) Quinzième arcane du tarot de Marseille.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

DIABLE. n. m.
Démon, esprit malin, mauvais ange. Être possédé du diable. Une tentation du diable. Chasser les diables. On prétendait qu'il avait fait un pacte avec le diable. Avocat du diable. Voyez AVOCAT. Fig. et fam., Le diable n'y perd rien, se dit en parlant de Celui, de celle qui sait habituellement maîtriser et cacher les passions et les sentiments qui le tourmentent. Cette personne est ordinairement très calme; mais le diable n'y perd rien. Cela se dit également en parlant des Souffrances qu'on dissimule. Je n'ai pas l'air de souffrir, mais le diable n'y perd rien. Cette femme a la beauté du diable, Elle n'est pas jolie, mais elle a la fraîcheur de la jeunesse. Prov., Quand le diable est vieux, il se fait ermite, se dit en parlant de Quelqu'un qui, après avoir été libertin, devient dévot sur ses vieux jours. Fig. et pop., Le diable bat sa femme et marie sa fille, se dit Quand il pleut et qu'il fait soleil en même temps. Fam., Il mangerait le diable et ses cornes, se dit d'un Grand mangeur. Le diable ne lui ferait pas faire telle chose, On aurait bien de la peine à lui faire faire telle chose. Quand une fois il a dit Non, le diable ne lui ferait pas dire Oui. Le diable ne lui ferait pas lâcher prise. Ne craindre ni Dieu ni diable. Voyez CRAINDRE. Fig. et fam., Tirer le diable par la queue, Avoir beaucoup de peine à se procurer de quoi vivre. Fig. et fam., Loger le diable dans sa bourse. Voyez BOURSE. Avoir le diable au corps, Être méchant, furieux. Il querelle et bat tout le monde, il a le diable au corps. On le dit aussi en parlant des Animaux. Ce cheval a le diable au corps. On le dit encore en parlant d'une Personne qui montre beaucoup d'activité, de verve, d'entrain. Ce débutant, cette comédienne a le diable au corps. Fig. et fam., C'est le diable, c'est là le diable, voilà le diable, se dit de Ce qu'il y a de pénible, de difficile, de fâcheux, de contrariant dans la chose dont il s'agit. Nous aurions besoin de son consentement, et il le refuse : c'est là le diable. Voilà le diable! Fam., Cela se fera, ou il faudra que le diable s'en mêle, à moins que le diable ne s'en mêle, si le diable ne s'en mêle, Cette affaire se fera malgré tous les obstacles. Cette affaire ne se fera pas, à moins, etc., Il est presque impossible que cette affaire réussisse. On dit dans le même sens Cela se fera si le diable s'en mêle. Quand le diable y serait, se dit pour exprimer qu'Une chose paraît difficile, impossible, incroyable. Quand le diable y serait, vous ne me ferez pas croire cela. Le diable n'y verrait goutte, se dit en parlant d'une Chose fort difficile à comprendre, à débrouiller. L'affaire est maintenant si embrouillée, que le diable n'y verrait goutte. Donner, envoyer au diable, à tous les diables, aux cinq cents diables, Maudire, rebuter, repousser, renvoyer avec colère, avec indignation. On dit de même Va-t'en au diable. Qu'il s'en aille au diable, à tous les diables. Que le diable l'emporte. Je voudrais que tu fusses, qu'il fût au diable, à tous les diables, aux cinq cents diables. Que le diable, ou, simplement, Le diable soit de lui, de toi, etc. Au diable soit l'imbécile, le sot, etc., qui a fait telle chose! Fig., S'en aller au diable, à tous les diables, Se perdre, disparaître tout à fait. Mon chapeau, emporté par le vent, s'en est allé à tous les diables. Cela signifie aussi Manquer, échouer. Je crains bien que mon mariage ne s'en aille à tous les diables. L'affaire s'en va au diable, à tous les diables. On dit de même, dans l'un et dans l'autre sens, Être à tous les diables. Fig., Être au diable, Être excessivement loin. Impossible de le joindre : il est au diable. Dans le même sens : Aller au diable au vert. Demeurer au diable au vert. On dit abusivement, dans le langage courant, Aller, demeurer au diable au vert et même au diable vert. Fig., Se donner au diable, se dit lorsqu'on se donne beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose. Certes, la chose est aisée, et il ne faut pas se donner au diable pour la faire; ou pour exprimer la vive impatience, le dépit violent qu'on éprouve de quelque chose. Vos sottes raisons me feraient donner au diable. Je veux que le diable m'emporte, si... Le diable m'emporte, si... Le diable m'emporte. Locutions employées, par forme de serment, pour affirmer ou nier avec plus d'énergie. Je veux que le diable m'emporte, si j'y comprends un mot. Que le diable m'emporte, si cela n'est pas comme je le dis. Non, le diable m'emporte, je n'en savais rien. On dit de même : Du diable si... et Au diable si... Du diable si j'y comprends rien. On a beau l'appeler, du diable s'il répond. Au diable si l'on m'y rattrape. Par forme de serment, Je n'en ferai rien, de par tous les diables. Fig., Faire le diable, faire le diable à quatre, Faire beaucoup de bruit, causer beaucoup de désordre, s'emporter à l'excès. Ils ont fait le diable, le diable à quatre dans cette auberge. Cela signifie aussi Se donner beaucoup de peine, de mouvement pour quelque chose. Il a fait le diable à quatre pour l'obtenir, pour l'empêcher. Fig., Cela ne vaut pas le diable, se dit d'une Chose qui ne vaut rien, ou qui est fort mauvaise dans son genre. Ce roman ne vaut pas le diable. Un bon diable, Personne de bonne humeur, de bon caractère et commode à vivre. Il est assez bon diable. Un méchant diable, Personne méchante et rusée. Un pauvre diable, Un homme qui est dans la misère. C'est un pauvre diable qui a bien de la peine à vivre. Il se dit aussi d'un Homme de médiocre valeur. Un grand diable, Un homme grand et dégingandé.

DIABLE se dit aussi figurément d'une Personne très méchante, ou violente, emportée, ou d'une pétulance excessive, d'une turbulence incommode et bruyante. C'est un diable, un diable incarné, un diable d'enfer, un diable déchaîné. Avec son air de douceur, cette femme est un vrai diable. C'est un diable, un petit diable que cet enfant-là. Crier comme un beau diable. Il ment comme tous les diables. Adjectivement, Cet enfant est bien diable.

DIABLE ou DIABLE DE se dit, tant en bonne qu'en mauvaise part, d'une Personne remarquable par quelque qualité, par ses mœurs, par ses manières. Ce diable d'homme trouve toujours des expédients. Où ce petit diable va-t-il chercher tout ce qu'il dit? Ce diable d'homme ne se corrigera donc jamais? Ce diable d'homme, cette diable de femme, etc., se disent quelquefois par dépit contre un homme ou une femme. Ce diable d'homme ne veut pas me comprendre. Cette diable de femme est venue là bien mal à propos.

DIABLE DE s'emploie encore avec la valeur d'un adjectif péjoratif. Une diable d'affaire, un diable de négoce, de métier, etc., en parlant d'une Affaire difficile, fâcheuse, d'un négoce peu lucratif, etc. Une diable de pluie, un diable de vent, etc., en parlant d'une Pluie, d'un vent incommode, nuisible. On dit de même : Une affaire du diable, une difficulté du diable, Une affaire très compliquée, ou qui a, qui peut avoir de très grandes suites, une très grande difficulté, etc. Un froid, un vent, une pluie du diable, Un froid excessif, un vent très violent, etc. Il avait une peur du diable, Il avait une peur extrême. Faire un tapage de tous les diables, Un bruit excessif. Il a un esprit de tous les diables, Il a beaucoup d'esprit.

À LA DIABLE, D'une façon désordonnée. Faire son travail à la diable. S'habiller à la diable.

EN DIABLE, loc. adv. Fort, extrêmement. Frapper en diable, Mentir en diable. Cette eau-de-vie est forte en diable. Il s'emploie souvent comme Interjection de surprise, d'admiration, de doute, de mécontentement, d'inquiétude, d'embarras, etc. Diable! comme vous y allez! Diable! cela n'est pas aisé à faire. Ah! diable! je n'y pensais pas. Diable! cela devient sérieux. Où diable va-t-il prendre tout ce qu'il dit? Qui diable vous a dit cela? Je ne sais ce que diable il est devenu. Que diable me veut-il? Comment diable vais-je m'y prendre? Que diable avez-vous fait, avez-vous dit? À quoi diable s'amuse-t-il? Que diable! vous avez peur? Il se dit, par extension, d'une Espèce de charrette à quatre roues fort basses, qui sert au transport de certaines marchandises et qui fait beaucoup de bruit en roulant sur le pavé. Il se dit également d'un Petit chariot à deux roues dont les maçons se servent pour transporter les pierres. En termes d'Histoire naturelle, il se dit d'une Espèce de cigale, ainsi que de Divers oiseaux et de Quelques poissons.

Littré (1872-1877)

DIABLE (dia-bl' ; en vers, diable est aujourd'hui de deux syllabes ; il était jadis de trois) s. m.

Terme de théologie.

  • 1Le principe du mal moral en général. Le diable tenta nos parents dans le paradis terrestre.

    Ce nom est devenu celui des anges déchus ; il implique toujours une idée de malice ; mais comme, à côté de la malice, le diable peut avoir certaines qualités, diable a fini par exprimer ces qualités, mais toujours avec un peu de moquerie et dans le style familier.

  • 2 Par antonomase, Satan, le prince des mauvais anges. Eh ! quel objet enfin à présenter aux yeux Que le diable toujours hurlant contre les cieux ? Boileau, Art poét. III.

    Avocat du diable, celui qui est chargé, dans la chancellerie romaine, de contester les mérites d'une personne dont la canonisation est proposée ; et aussi l'un des deux interlocuteurs dans les conférences religieuses faites sous forme d'un débat simulé.

    Ne craindre ni Dieu ni diable, n'être arrêté par aucune crainte.

    Brûler une chandelle au diable, flatter un pouvoir injuste pour en obtenir quelque chose.

    Le diable est bien fin, se dit par avertissement à une personne pour qu'elle prenne garde à elle et qu'elle ne se laisse pas aller aux tentations, ni séduire ni suborner.

    Cela se fera à moins que le diable ne s'en mêle, c'est-à-dire pour peu qu'il n'y ait pas impossibilité.

    Cela ne se fera pas si le diable ne s'en mêle, c'est-à-dire s'il ne survient pas quelque facilité inespérée.

    Le diable n'y verrait goutte, se dit d'une affaire bien embrouillée.

    Fi au diable ! exclamation de mépris, d'aversion, de chagrin.

    Dans le même sens. Le diable s'en pende !

    Crever l'œil au diable, faire quelque chose en dépit de l'envie, s'avancer malgré les envieux.

    Moucher la chandelle comme le diable moucha sa mère, éteindre la chandelle, ou bien couper le lumignon si bas que la chandelle s'éteigne. Locution qui vient, dit-on, de ce qu'un scélérat nommé Le diable, ayant demandé à voir sa mère avant d'être exécuté, lui emporta, en l'embrassant, le nez avec les dents, lui reprochant la mauvaise éducation qu'il avait reçue d'elle, ou plutôt de ce que le diable, sous prétexte de moucher sa mère, lui fait quelque mauvais tour.

    Loger le diable dans sa bourse, n'avoir pas le sou. Un homme n'ayant plus ni crédit ni ressource, Et logeant le diable en sa bourse, C'est-à-dire n'y logeant rien, La Fontaine, Fabl. IX, 16.

    Veuille Dieu, veuille diable, je le ferai, c'est-à-dire malgré tous les obstacles. Soyez sûr, quelque chose qu'ils fassent, qu'homme, Dieu, ange, ni diable ne m'en feront pas dire davantage, D'Alembert, Lettre à Voltaire, 20 janv. 1758.

    Quand le diable y serait, malgré tout. Quand le diable y serait, vous ne me feriez pas croire cela.

    Populairement. Le diable bat sa femme et marie sa fille, se dit quand il pleut et qu'il fait du soleil en même temps.

    Il n'est pas plus dévot que le diable n'est saint, se dit d'un homme tout à fait indévot.

    Le diable n'y perd rien, se dit d'une personne qui ne maîtrise ou ne contient ses sentiments qu'en apparence ou passagèrement, et aussi d'une personne qui dissimule ses souffrances. Vous saviez bien que vous seriez vengé sans coup férir, et que le diable n'y perdrait rien, Courier, I, 57.

    Le diable ne le lui ferait pas faire, ne l'en ferait pas démordre, se dit d'un homme entêté, obstinément attaché à ses sentiments.

    Pont du diable, pont hardi, de construction moderne, jeté sur la Reuss.

    Pont du diable, Passage du diable, sont les noms de quelques localités de difficile accès.

    Terme de musique. Sonate du diable, ainsi dite en raison d'une vision du diable en rêve qu'eut le musicien Tartini, sonate hérissée de difficultés.

    Il fait comme le valet du diable, il est comme le valet du diable, se dit quand quelqu'un fait plus qu'on ne lui commande. Vous faites l'office du diable quand vous voulez faire plus que je ne vous demande, Maintenon, Lettre à Mme de Caylus, t. VI, p. 6, dans POUGENS.

    C'est la poupée du diable, femme mal habillée, sale.

    Le diable était représenté dans le moyen âge avec une queue et des cornes ; de là quelques locutions.

    Tirer le diable par la queue, être dans une position gênée. Si je faisais des vers aussi bons… je ne serais pas réduit à tirer le diable par la queue, Scarron, Rom. com. ch. 11.

    Il mangerait le diable et ses cornes, se dit d'un grand mangeur.

  • 3En général, nom des anges rebelles précipités avec Satan dans l'enfer, depuis le prince jusqu'aux plus infimes. Les diables de l'enfer.

    Fig. Comme diable en miracle ou en miracles, sans raison. Le personnel entre le cardinal de Noailles et les évêques de la Rochelle et de Luçon, où celui de Gap s'était fourré depuis comme diable en miracles, Saint-Simon, 315, 108.

    Être battu du diable, être sans repos. [Tallard] Beaucoup d'esprit et de grâce dans l'esprit, mais sans cesse battu du diable par son ambition, ses vues, Saint-Simon, 116, 14.

    Le diable était beau quand il était jeune, c'est-à-dire la jeunesse a toujours quelque beauté, même dans les personnes laides.

    La beauté du diable, les seuls attraits de la jeunesse.

    Par forme de serment. Je n'en ferai rien de par tous les diables. Elles sont toutes dérangées de par tous les diables, Regnard, le Retour impr. sc. 9.

    Les diables bleus, nom que les Anglais donnent à une sorte de mélancolie, de vapeurs.

    Être possédé du diable, avoir, selon la croyance de l'Église catholique, dans le corps un diable qui se substitue à la volonté de l'individu et parle et agit pour lui. Les diables qui possédèrent les religieuses de Loudun. Et, figurément, être livré à des passions violentes, à une excessive ardeur.

    Fig. Avoir le diable au corps, être vif, emporté, vigoureux, passionné. … Avez-vous le diable dans le corps, Pour ne pas succomber à de pareils efforts ? Molière, Coc. imag. II, 1. Je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps, Molière, l'Avare, I, 3. Votre Durance a quasi toujours le diable au corps, Sévigné, 366. Il a le diable au corps, Racine, Plaid. II, 11. Elle a le diable au corps pour la danse, Hamilton, Gramm. 7.

    Avoir le diable au corps, exceller en certaines choses de courage, d'adresse, de talent, d'esprit. Ou, comme Michel-Ange, eût-il le diable au corps, Régnier, Sat. X.

    Être croustilleux. Segrais nous montra un recueil qu'il a fait des chansons de Blot ; ces chansons ont le diable au corps ; mais je n'ai jamais vu tant d'esprit, Sévigné, 49.

  • 4C'est le diable à confesser, se dit d'un aveu difficile à obtenir, d'une chose presque impossible.

    C'est le diable ! Voilà le diable ! C'est là le diable ! se dit de ce qu'une chose présente de fàcheux, de difficile. Mais le diable est que nous n'avons point d'argent, Regnard, Sérénade, sc. 8. Entre tant de parents ce serait bien le diable, S'il ne s'en trouvait pas quelqu'un de raisonnable, Regnard, Légat. III, 5. Mais voyons donc enfin ce que j'ai fait écrire. - Ah ! voilà bien le diable…, Regnard, ib. V, 7. Amoureux et gueux, ces deux qualités, qui séparément ne sont pas fort bonnes, c'est bien le diable quand le hasard les met ensemble, Dancourt, Cur. Compiègne, sc. 3.

  • 5Donner son âme au diable, faire un prétendu pacte avec le diable, qui, en retour de l'âme qu'on lui abandonnait, assurait pendant un certain temps au contractant la richesse, la puissance, les plaisirs. Faust avait vendu son âme au diable.

    Fig. Se donner au diable, se désespérer. Cela me ferait donner au diable.

    Se donner à tous les diables, éprouver une excessive impatience.

    Se donner au diable, prendre beaucoup de peine. Vous avez fait ce coup sans vous donner au diable, Molière, l'Étour. II, 14.

    Il ne faut pas se donner au diable pour faire cela, c'est-à-dire la chose n'est pas difficile.

    Je me donne au diable ; je veux que le diable m'emporte si… le diable m'emporte si… ou, simplement, du diable si… au diable si… locutions qu'on emploie, par forme de serment, pour nier ou pour affirmer. Vous venez de Poitiers ou je me donne au diable, Corneille, le Ment. I, 3. Mes gens se donnent au diable qu'il n'y a pas dix écus dans la maison, Hamilton, Gramm. 2. Je me donne au diable si dans quinze jours…, Hamilton, ib. 4. Je me donne au diable si on me voyait…, Hamilton, ib. 7. Diable emporte si je le suis [médecin], Molière, Méd. m. lui, I, 6. Diable emporte si j'entends rien en médecine, Molière, ib. III, 1. Je veux que le diable m'emporte, si je comprends rien à ce génie, à ces lauriers, à cette épée, Diderot, Salon de 1767, Œuvres, t. XIV, p. 86, dans POUGENS.

  • 6Il se dit par forme d'imprécation, d'aversion, de répulsion, d'impatience. Envoyer au diable, à tous les diables, à tous les cinq cents diables. Donner au diable. Qu'il s'en aille au diable, à tous les diables ! Au diable l'importun ! Puissiezvous être à tous les diables ! Molière, Préc. sc. 19. Nous donnerions tous les hommes au diable, Molière, Amph. II, 5. Matta le donnait au diable avec ses Allobroges, Hamilton, Gramm. 4. Il ne voulut pas se confesser et envoya tout au diable, Sévigné, 142. J'ai donné, de fureur, tout le festin au diable, Boileau, Sat. III. Je donnais au diable toute cette maudite cohue, Rousseau, Conf. III. À moins de douze couplets, Au diable une chansonnette ! Béranger, Margot.
  • 7Être au diable, être on ne sait où, fort loin. Il m'a fait aller au diable vauvert (et non, comme on dit communément, par erreur : au diable au vert ; voy. VAUVERT), il m'a fait aller très loin.
  • 8S'en aller au diable, à tous les diables, être perdu sans retour. L'affaire s'en va au diable. Il faudra, si je veux, Que le manteau s'en aille au diable, La Fontaine, Fabl. VI, 3. Si vous ne daignez vous en informer, le Temple du Goût ira à tous les diables, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 25. Tout va au diable, mes anges, et moi aussi, Voltaire, Lett. d'Argental, 4 mai 1767. Être au diable, à tous les diables, être perdu sans retour. Mon projet est à tous les diables. Les affaires de Bohême ont bien changé de face depuis un mois ; voilà, je crois, ma pension à tous les diables ; mais j'en suis d'avance consolé, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 21 juillet 1757.

    Envoyer au diable, à tous les diables, perdre, dissiper. Il envoya les marquisats au diable, La Fontaine, Faucon.

  • 9Faire le diable, le diable à quatre, faire grand bruit, grand tumulte, se donner beaucoup de mouvement pour une chose. Je m'en irais chez eux faire le diable à quatre, Hauteroche, Soup. mal appr. sc. 3. Oui, l'autre moi, valet de l'autre vous, a fait Tout de nouveau le diable à quatre, Molière, Amph. III, 8. Coudoyez un chacun ; point du tout de quartier ; Pressez, poussez, faites le diable, Molière, Remercîment au roi. Je ferai le diable à quatre, pour faire accepter sa pancarte, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 185.

    Faire le diable contre quelqu'un, lui faire le plus de mal qu'on peut.

    Dire le diable contre quelqu'un, en dire beaucoup de mal.

  • 10Cela ne vaut pas le diable, cela ne vaut absolument rien.
  • 11Diable, employé comme complément déterminatif, est augmentatif et signifie extrême, excessif. C'est un désordre du diable. Je lui veux un mal de diable. Avoir une peur de diable. Il fait un froid, un vent de tous les diables.
  • 12Suivi d'un complément déterminé, diable signifie singulier, bizarre, méchant, dangereux, etc. ; ou plutôt, gardant sa signification propre, il se construit avec la préposition de et un substantif, comme bonhomme, faquin, coquin : ce bonhomme de paysan, coquin de valet (voyez, pour cette construction, la préposition DE au n° 3). Un diable d'homme. Ces diables de gens. Un diable de ménage, Corneille, Suite du Ment. I, 1. Quel diable de jargon entends-je ? Molière, les Préc. 5. Et tu m'oses jouer de ces diables de tours ! Molière, Sgan. 6. Quel diable de babillard ! Molière, Mar. forcé, 6. Quel diable de langage est-ce là, Molière, Méd. m. lui, II, 6. Ayez le temps de me mander si vous vous mettez sur ce diable de Rhône, Sévigné, 16. … Un diable de neveu Me fait par ses écarts mourir à petit feu, Piron, Métrom. II, 1. De vos diables de vers détestant la manie, Piron, ib. I, 8. Mon diable d'homme qui craignit qu'elle n'en parlât pas à son gré, Rousseau, Confess. II. Que voulez-vous ! ce diable d'homme a toujours ses poches pleines d'arguments irrésistibles, Beaumarchais, Barb. de Sév. IV, 8.

    On remarquera que, en cet emploi, diable, si le substantif construit est féminin, devient adjectif. Cette diable de femme. Quelle diable de cérémonie ! Hamilton, Gramm. 4.

  • 13Personne très méchante, emportée, ou bien d'une turbulence, d'une pétulance extrême. C'est un diable, un vrai diable, un diable incarné, un petit diable. Elle compte que je serais un diable dans le monde, Hamilton, Gramm. 3. Comme sur les maris accusés de souffrance, De tout temps votre langue a daubé d'importance, Qu'on vous a vu contre eux un diable déchaîné, Vous devez marcher droit pour n'être point berné, Molière, Éc. des femm. I, 1. C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien ; J'en aurai désormais une horreur effroyable, Et m'en vais devenir pour eux pire qu'un diable, Molière, Tart. V, 1. Et je ne vis de ma vie Un dieu plus diable que toi, Molière, Amph. III, 10. Une autre fois quelque diable fit une satire cruelle sur Madame, le comte de Guiche, etc. Saint-Simon, 92, 208. Je ne laisse pas, tout diables qu'ils sont [vos enfants], de leur enseigner quelquefois des polissonneries de mon temps, Courier, Lett. II, 77.

    Un méchant diable, un mauvais homme.

    Les mille diables, fameux voleurs du XVIe siècle.

    Diable noir, ancien sobriquet des reîtres.

  • 14Comme le diable, à côté de sa malice, peut avoir quelque qualité, diable a été pris pour exprimer quelque chose de peu blâmable, ou même quelque chose de louable.

    Un grand diable, un homme grand et dégingandé.

    Un grand diable, se dit aussi de choses qui sont très longues. L'archevêque vient de faire contre lui [J. J. Rousseau] un grand diable de mandement qui donnera envie de lire sa profession de foi à ceux qui ne la connaissent pas, D'Alembert, Lettre à Voltaire, 8 sept. 1762.

    Un bon diable, un homme facile, de joyeuse humeur. Il me parut, comme à vous, un assez bon diable, et d'ailleurs je lui trouvai quelques connaissances mathématiques, D'Alembert, Lettre à Voltaire, 22 déc. 1759.

    Un pauvre diable, une personne misérable, une personne à plaindre. Voilà un pauvre diable de mari en bonne main ! Dancourt, Moul. Javelle, sc. 5. … C'est qu'il est incroyable Que moi, qui près de vous ne suis qu'un pauvre diable, Sois plus heureux pourtant…, Collin D'Harleville, Vieux célib. II, 2.

  • 15Comme tous les diables, beaucoup, extrêment, infiniment. Avoir un esprit de tous les diables. Les nefs sur les eaux favorables Vont comme tous les mille diables, Scarron, Virg. trav. VIII. La justice est sévère comme tous les diables, particulièrement sur ces sortes de crimes, Molière, Pourc. III, 2. Elle est obstinée comme tous les diables, Molière, le Fest. II, 5. Voilà du bois qui est salé comme tous les diables, Molière, le Méd. m. lui, I, 6. Je suis bilieux comme tous les diables, Molière, Bourg. gentilh. II, 6. Phelypeaux avait de l'esprit comme cent diables et autant de malice qu'eux, Saint-Simon, 97, 34.

    Pour un liable, avec une négation, non absolument. Je n'ai qu'elle [de fille], et pas pour un diable elle ne veut se marier, Marmontel, Mém. II.

  • 16À la diable, loc. adv. À la hâte, sans soin. Cela est fait à la diable.

    Être fait à la diable, être mal vêtu ou habillé avec désordre.

    Avec un caractère de violence et d'exagération. Les Anglais disent que toutes nos tragédies sont à la glace ; il pourrait bien en être quelque chose ; mais les leurs sont à la diable, Voltaire, Lett. Cideville, 22 fév. 1764.

  • 17En diable, loc. adv. Fort, extrêment. Cela tient en diable. Avoir de l'esprit en diable. Pour moi, j'y suis sévère en diable [dans les formalités], à moins que ce ne soit entre amis, Molière, Amour méd. II, 3. La justice en ce pays-ci est rigoureuse en diable contre cette sorte de crime, Molière, Pourc. II, 12. Il était fourbe en diable et demi, Lesage, Gusman d'Alfarache, IV, 1. La nuit est noire en diable, Beaumarchais, Mariage de Fig. V, 3.
  • 18Diable ! interj. de surprise, d'impuissance. Diable ! Que diable faire ? Où diable va-t-il prendre tout ce qu'il dit ? Que diable est-ce là, les gens de ce pays-ci sont-ils insensés ? Molière, Pourc. I, 12. Il ne comprenait pas comment diable il avait fait, Hamilton, Gramm. 5. Il ne pouvait s'imaginer à qui diable elle en voulait, Hamilton, ib. 11. Et, pour toute conclusion, lui demanda de quoi diable il s'avisait de lui faire présent de deux méchantes perdrix rouges, Hamilton, ib. 4. Ma filleule, où diable a-t-on pris Le pauvre parrain qu'on vous donne ? Béranger, Filleule.

    On dit dans le même sens : que diable ! Monsieur n'est pas ici, que diable ! à si bonne heure, Régnier, Sat. X.

  • 19 S. m. Toupie d'Allemagne double, très bruyante.

    Sorte de jouet fait à peu près comme la toupie d'Allemagne, percé de deux trous, qu'on fait tourner sur une corde tenue à deux baguettes et qui, quand il tourne très vite, produit un ronflement très fort.

    Terme de médecine. Bruit de diable, nom donné à un bruit particulier dont l'aorte et les grosses artères du cou sont le siége dans certains cas.

    Autre jouet ayant la forme d'une boîte qui, lorsqu'on l'ouvre, fait sortir vivement un diable au moyen d'une spirale qui se développe brusquement.

  • 20Machine à deux ou à quatre roues crdinairement basses, employée au transport des caisses d'orangers ou autres fardeaux.

    Espèce de calèche dans laquelle on peut se tenir debout.

  • 21Machine pour carder et nettoyer le coton, le crin.

    Levier à l'usage du fabricant de glaces et du maréchal.

    Instrument pour constater le bon état de l'intérieur des canons.

    Dans la marine marchande, tire-bonde pour les futailles.

  • 22 Terme de physique. Diables cartésiens, petits plongeons de verre qui font tous les mouvements qu'on veut, dans un vase plein d'eau.
  • 23Le diable en haie, la clématite, en Normandie.

    Diable des bois, espèce de singe. Diable de Java, pangolin et espèce d'iguane.

    Sorte d'oiseau de la Guadeloupe. Nous étions pour alors dans la saison de la chasse de certains oiseaux qu'on appelle diables ou diablotins… je ne sache pas qu'il s'en rencontre dans les îles autre part qu'à la Guadeloupe et à la Dominique… cet oiseau est à peu près de la grosseur d'une poule… il a les ailes longues et fortes, les pieds comme ceux des canards, mais garnis de fortes et longues griffes… il a de grands yeux à fleur de tête, qui lui servent admirablement bien pendant la nuit, mais qui lui sont tellement inutiles le jour qu'il ne peut supporter la lumière ni discerner le jour, Labat, Nouveau voy. aux îles, 2e part. ch. 19.

    Demi-diable, insecte hémiptère.

    Terme de pêche. Diable de mer, plusieurs poissons d'une forme hideuse. La baudroie.

PROVERBES

Il regarde le diable sur le poirier, il est louche, c'est-à-dire il a le regard aussi mal assuré que s'il eût aperçu tout à coup le diable sur un poirier.

Il n'est pas si diable qu'il est noir, ou le diable n'est pas si noir qu'il en a l'air, c'est-à-dire il n'est pas si méchant qu'on le dit ou qu'il le paraît.

Le diable n'est pas toujours à la porte d'un pauvre homme, c'est-à-dire on n'a pas toujours le malheur, la mauvaise chance contre soi.

Il vaut mieux tuer le diable que non pas que le diable vous tue, ou, comme on dit plus souvent aujourd'hui, que si le diable vous tue, c'est-à-dire il vaut mieux dans la défense personnelle infliger à l'adversaire le mal qu'il veut faire.

Le diable pourrait mourir que je n'hériterais pas de ses cornes, c'est à-dire personne ne me donne rien.

Quand il dort, le diable le berce, et, absolument, le diable le berce, se dit d'un homme inquiet et inquiétant.

Les menteurs sont les enfants du diable.

Quand le diable fut vieux, il se fit ermite, ou, quand le diable devient vieux, il se fait ermite, c'est-à-dire libertin dans la jeunesse, dévot dans la vieillesse.

Le diable est aux vaches, est bien aux vaches, c'est-à-dire tout est en confusion, ou bien il y a de la discorde.

Les diables sont déchaînés, il y a de grands mouvements, il arrive de grands malheurs.

REMARQUE

1. Loger le diable dans sa bourse ; l'origine de cette expression est racontée dans une petite pièce de vers de St-Gelais : un charlatan avait promis de faire voir le diable ; pressé de remplir sa promesse, il ouvrit, en présence de la foule qui l'entourait, une bourse vide : Et c'est, dit-il, le diable, oyez-vous bien, Qu'ouvrir sa bourse et ne voir rien dedans (Recueil des poëtes fr. depuis Villon jusqu'à Benserade, éd. 1752, t. I, p. 146). D'un autre côté Génin dit : Les Italiens ont le proverbe : " Abbiamo trovato il diavolo nel catino, nous avons trouvé le diable dans le plat, le plat était vide. L'usage en Italie était de peindre au fond des plats une figure hideuse, une figure de diable qui était cachée, tant qu'il restait quelque chose au plat, Récréat. t. I, p. 107. " C'est de là, selon lui, que vient notre locution. M. Jullien, au contraire, pense que l'explication de St-Gelais est la bonne, et qu'une bourse vide étant un mal, on s'est servi du nom du diable pour exprimer ce mal.

2. Faire le diable à quatre, locution tirée de ce que dans les mystères il y avait la grande et la petite diablerie, et que, pour jouer la grande, il fallait quatre personnages, Fabre, Études sur la bazoche, p. 248.

SYNONYME

DIABLE, DÉMON. Étymologiquement, le diable est le calomniateur, de là vient qu'il est toujours pris en mauvaise part ; c'est un esprit malfaisant et de ténèbres (sauf les restrictions indiquées dans l'article, telles que avoir de l'esprit en diable, un bon diable, etc.). Démon, s'étant dit dans la mythologie grecque pour toute espèce de divinités, peut avoir une acception favorable : un poëte est inspiré par le démon de la poésie ; un bon démon amène un homme au moment où l'on a besoin de lui. Quand il a son acception défavorable, il est alors synonyme de diable, sauf que démon se prend pour l'instigateur des mauvaises passions : le démon de la jalousie, de l'ambition ; diable ne peut recevoir cet emploi.

HISTORIQUE

Xe s. [Ils] Voldrent [voulurent] la faire diavle servir, Eulalie.

XIe s. Si lui a dit : vous estes vifs diables [un diable vivant], Ch. de Rol. LVII. L'ame de lui as vifs diables [il] done, ib. CCLXVI.

XIIe s. Diable en ont l'ame, s'en font grant baptestal [fête], Ronc. p. 61. Diable l'esmolurent qui le firent forger, ib. p. 195.

XIIIe s. Ou en aigue noiée ou au deable alée, Berte, XVI. Car des mains au deable maint pecheor [la Vierge] desnoue, ib. XXXIII. Quel deable ont la voie [à] Blanchefleur ci aprise ? ib. LXXVI. Tuit trois s'estoient coi tenu, Quant li deable i sunt venu, Que li glous [le coquin] i fist assembler, la Rose, 7308. Li fust estoient et li fer Plus noirs que deables d'enfer, ib. 964.

XIVe s. Je vous ai deporté [épargné] pour le duc qui est là, Et por tant que je sui venus au lez de çà ; Mais se plus m'atendez, li deables y sera, Guesclin. 1811. Le deable est philosophe, il scet l'estat et la maniere d'omme et sa complexion, Ménagier, I, 3.

XVe s. Et faisoient les Anglois mener après eux un diable d'engin si grand et si merveilleux que on ne le pouvoit destruire, Froissart, II, III, 55. Par quel diable de lieu sont venus ces gens, et où ils ont passé la riviere du Lys ? Froissart, II, II, 182. Ils recorderent comment ils avoient bien exploité, et fussent venus à paix et à appointement envers le comte, si ce diable de chastel n'eust esté ars, Froissart, II, II, 56. Et comment diable y pourrois-je aller ni tout mon avoir porter ? Froissart, III, IV, 14. Et que diable ne se delivre ce roi de passer outre en Angleterre, s'il doit ? Froissart, II, III, 46. Et peuvent dire et pourront ceux qui cette matiere liront ou lire feront, que ce fut œuvre du deable ; car vous savez et avez ouï dire aux sages que le deable subtile et attire à bouter guerre et haine là où il avoit pais, Froissart, II, II, 52. Ces archers avoient le diable au corps et traoient [tiraient] dispersement pour tout tuer, seigneurs et varlets, Froissart, I, I, 31. Et qu'est cecy ? est-ce à meshuy ? Dyable y ait part, aga quel prendre ? Patelin. Au diable je me vois [vais] donner, Quant mon maistre ay ainsi grevez, la Pass. de N. S. J. C. Qui dyable vous a avisé De ce dire ? estes vous yvres ? Caïphas, gardez [regardez] en vos livres, Où la droite creance est mise, ib. Le diable n'est pas toujours à ung huis, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 13. Quand Dieu donne farine, le diable clost le sac, Leroux de Lincy, ib. Qui au diable doit aller, il n'a que demourer, Leroux de Lincy, ib.

XVIe s. Il se recommanda cent fois au deable comme tout desesperé, Mém. s. du G. ch. 18. Toujours un pire diable met l'autre dehors [la plus violente passion l'emporte], Marguerite de Navarre, Nouv. XXVI. De jeune angelot vieux diable, H. Estienne, Précellence, p. 163. Du diable vint, au diable retourna, H. Estienne, ib. p. 176. Il y a eu, de nos jours, six mille aventuriers francois qui ont pris le nom de diables, parce que leurs œuvres étaient diaboliques, Du Tillet, Recueil des R. de Fr. p. 7, dans LACURNE. Faire d'ung diable deux [faire deux fautes en pensant en corriger une], Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 12. Malheureux est le pays Au quel le diable est en haut prix, Leroux de Lincy, ib. On connoist le diable à ses griffes, Leroux de Lincy, ib. Où le diable ne peut aller, Sa mere tasche d'y mander, Leroux de Lincy, ib. Paroles d'angelot, ongles de diablot, Leroux de Lincy, ib.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

DIABLE. Ajoutez :
24 Diable, nom d'une espèce de cicadelle, du genre des centrotes, ainsi dite à cause de ses formes bizarres, H. Pelletier, Petit dict. d'entom. p. 42, Blois, 1868.
25 Arbre du diable ou pet du diable, l'hura crepitans, L., et le morisonia capparis, Baillon, Dict. de bot. p. 247.
Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « diable »

(881) diavle. Du latin diabolus, issu du grec ancien διάβολος, diábolos. Le sens de « chariot » est attesté en 1764, probablement parce que ses deux poignées ressemblent à des cornes[1].
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Picard, wallon et bourguig. diale ; Berry, ghiâble, ghiâbe ; provenç. diable ; espagn. diablo ; portug. diabo ; ital. diabolo ; du latin diabolus ; du grec διάϐολος, diable, proprement calomniateur, de διαϐάλλειν, calomnier, jeter à travers, de διὰ, et βάλλειν, jeter. L'ancien français, pour diable, disait très fréquemment maufait, c'est-à-dire le malfait, ou l'aversier, c'est-à-dire l'adversaire, l'ennemi.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Phonétique du mot « diable »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
diable djabl

Fréquence d'apparition du mot « diable » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « diable »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « diable »

  • Les dieux existent : c'est le diable.
    Jean Cocteau — La Machine infernale, Grasset
  • Le pire diable chasse le moindre.
    Marguerite de Navarre — Pensées de la reine de Navarre
  • Là où Dieu a un temple, le diable aura une chapelle.
    Robert Burton — The Anatomy of Melancholy, III
  • Bon d'être charitable, mais il vaut mieux tuer le diable que, par excès de vertu, te laisser tuer par lui.
    Frédéric Mistral — Les Olivades Lis Oulivado
  • Un diable est impensable ; car il répugne au bon sens d'admettre un diable qui sache pertinemment ce qu'est le mal et qui veuille néanmoins le mal.
    Poul Martin Møller — Pensées détachées
  • On a senti le diable dans la machine et on n'a pas tort. Elle signifie, aux yeux d'un croyant, que Dieu est détrôné.
    Oswald Spengler — Le Déclin de l'Occident Der Untergang des Abendlandes
  • Les bistrots sont les confessionnaux du diable.
    Gilbert Cesbron — Un miroir en miettes
  • Le diable se cache dans les détails.
    Proverbe suisse
  • Jupe de femme est lange du diable.
    Proverbe roumain
  • Le diable est le prince du lendemain.
    Proverbe allemand
Voir toutes les citations du mot « diable » →

Traductions du mot « diable »

Langue Traduction
Anglais devil
Espagnol diablo
Italien diavolo
Allemand teufel
Chinois 魔鬼
Arabe إبليس
Portugais diabo
Russe дьявол
Japonais 悪魔
Basque devil
Corse diavulu
Source : Google Translate API

Synonymes de « diable »

Source : synonymes de diable sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « diable »

Combien de points fait le mot diable au Scrabble ?

Nombre de points du mot diable au scrabble : 9 points

Diable

Retour au sommaire ➦