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Pantoufle

Variantes Singulier Pluriel
Féminin pantoufle pantoufles

Définitions de « pantoufle »

Trésor de la Langue Française informatisé

PANTOUFLE, subst. fém.

A. −
1. Chaussure d'intérieur, sans tige, de matière souple et légère, parfois sans quartier. Pantoufles de cuir, de velours; pantoufles de lisière; une paire de pantoufles; être en pantoufles; chausser, mettre ses pantoufles. Ses pieds, remarquables pour leur petitesse, étaient nus dans de délicates pantoufles de cordes de soie tressées à jour. Sous le peignoir, il n'y avait rien que Mademoiselle Mariette (Champfl.,Avent. MlleMariette,1853, p.29).Il me débarrassa de mon manteau, et me força de changer mes bottes mouillées contre de molles pantoufles persanes (Gide,Immor.,1902, p.435):
1. ... je vais au lit comme autrefois j'allais au bal. Toutes les nuits, je joue à Cendrillon. Mais si la triste cuisine écaillée est une réalité, mes escapades nocturnes ne me conduisent que dans le palais de ma mémoire, et il y a longtemps que la pantoufle de vair m'a ramené un prince terriblement charmant. Pourtant, l'aube me retrouvera seule dans la cuisine, avec ma vieille robe et mes pantoufles de laine. Triolet,Prem. accroc,1945, p.269.
2. En partic.
a) [Pour exprimer l'idée de confort ou de facilité] Ne pas quitter ses pantoufles; passer sa vie dans ses pantoufles. Des juges (...), siégeant depuis le matin, ne peuvent s'empêcher de rêver au dîner, à la famille et à leurs chères pantoufles (Baudel.,Poèmes prose,1867, p.96).Vous autres, les hommes, vous aimez trop votre tranquillité. Une maîtresse, c'est commode, mais les aises de la vie domestique, la petite routine... les pantoufles! (Daniel-Rops,Mort,1934, p.286):
2. Je connais ces dilettantes de l'anti-conformisme, qui aiment leurs pantoufles et le mystère des âmes damnées, l'art pour l'art et la révolte pour la révolte (à condition qu'elle ne bouscule pas leurs prérogatives et se contente d'inquiéter celles des autres). H. Bazin,Mort et cheval,1949, p.287.
Loc. fig. En pantoufles
En famille, dans l'intimité. Dans les familles, il arrive que ce qui est médiocre parvienne à gouverner, et souvent l'on voit le savant en pantoufles, ou l'artiste, ou l'inventeur, comparaître comme une sorte de coupable devant un tribunal de tantes, de belles-soeurs, de cousines (Alain,Propos,1928, p.779).On trouvera ci-dessous une esquisse des formes verbales du français parlé «en pantoufles» (A. Martinet,Lang. et fonction,1971, p.175).V. aussi infra A 2 b ex. de J. de Maistre.
(Qui vit) sans prendre aucun risque, sans s'exposer, s'engager réellement. Il faut essayer de faire des choses! C'est pas une raison parce qu'on est un intellectuel pour vivre en pantoufles (Beauvoir,Mandarins,1954, p.215).[À valeur d'adj.] Qui ne s'expose pas. Une brave petite générosité en pantoufles (Bloy,Journal,1904, p.233).Le Carnet civique, recueil de toutes les phrases odieuses ou imbéciles écrites pendant la guerre par nos guerriers en pantoufles (Léautaud,Journal littér., 3, 1921, p.374).
Sans rencontrer d'obstacles, avec la plus grande facilité. Triompher en pantoufles. Il me silhouette un de Moltke faisant la campagne de France en pantoufles (Goncourt,Journal,1889, p.960).Je ne voulais que signaler le succès de cette revue neuve [Pourquoi pas], qui s'installe en pantoufles au Daumon (Colette,Jumelle,1938, p.220).
b) Loc. fam.
Mettre, chausser les pantoufles de qqn (v. chausser I A 1). Se mettre à la place de quelqu'un. Plutôt sombrer dans une tempête, mourir de soif dans un désert que de chausser jamais ses pantoufles [celles d'un terrien]! (Genevoix,Avent. en nous,1952, p.93).
(Traiter, rejeter, etc., qqc. ou qqn) comme une (vieille) pantoufle. Avec le dernier mépris. Le duc de Westmorland, membre du cabinet, Breton de la vieille roche, buvait bien, traitait comme sa pantoufle les idées nouvelles, et avait inventé pour monter à cheval des garde-jambes (Chateaubr.,Congrès Vérone, t.1, 1838, p.326).Le jour où je ne pourrai plus faire de parade au bas d'un journal, les entrepreneurs de feuilles publiques me laisseront là, comme une vieille pantoufle qu'on jette au coin de la borne (Balzac,Muse départ,1844, p.227).
Être sous la pantoufle de qqn; mettre qqn sous sa pantoufle. Être sous la domination de quelqu'un; mettre quelqu'un sous sa domination. Il ne tarissait pas en grosses plaisanteries sur les femmes qui portent culotte ; et il se gaussait de son ami, qui se laissait mettre sous la pantoufle (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1304).J'en ai plein le dos de ma soeur! J'ai vécu cinq lustres sous sa pantoufle, que nos dernières années soient libres! (La Varende,Indulg. plén.,1951, p.110).
[Par jeu de mots sur raisonner et résonner] Raisonner comme une pantoufle et, vx, raisonner pantoufle. Raisonner sottement, sans logique; divaguer. Petite espèce humaine à tête carrée, tu raisonnes pantoufle. Vois-tu clair au fond des coeurs? Comprends-tu déjà toutes les choses? (Renard,Poil Carotte,1894, p.286).
Vx. Raisonner pantoufle. Converser de choses et d'autres; dire des riens. Après que j'ai bien fatigué mes chevaux le long de ces belles rues, si je pouvais trouver l'Amitié en pantoufles, et raisonner pantoufle avec elle, il ne me manquerait rien (J. de Maistre, Corresp.,1806, p.210).
Vieilli. Et caetera pantoufle. [Expr. utilisée pour clore une énumération ou un récit menaçant de devenir fastidieux ou grossier] L'élégante femme lit toujours, puis soudain, lasse de tourner les feuillets qui s'accumulent: −Et patati et patata. Et caetera pantoufle! (Céard,Soir. Médan, Saignée, 1880, p.158).Parlez-moi de l'ami Pierre (...). Je ne plains pas (...) ma cousine d'Aymaret qui lui a, dit-on, donné son coeur (...) et caetera pantoufle! (Feuillet,Honn. artiste,1890, p.54).
B. − P. anal ou au fig.
1. Imbécile, nullité. Quand papa revenait à temps, il nous aidait pertinemment mais avec impatience. Il ne nous tolérait ni légèreté ni lenteur. Et c'étaient des «pantoufles!» et des «savates!» à n'en plus finir (Duhamel,Notaire Havre,1933, p.109).Nous ne sommes que pantoufles à côté d'une femme! (La Varende,Dern. fête,1953, p.42).
2. Arg. des écoles, fam. Situation trouvée dans le secteur privé par un militaire ou un fonctionnaire issu de l'École polytechnique ou p.ext. d'une grande école et qui renonce à l'armée ou aux autres services de l'État. On lui prédit [au conscrit affecté de la cote cent] une bonne pantoufle: celle d'ingénieur à la Compagnie Richer (Lévy-Pinet1894, p.124).Nombre d'autres [jeunes hauts fonctionnaires] qui consacrent quelques années au service public, le font dès le départ avec l'intention de chercher une bonne «pantoufle» vers les 35 à 40 ans, après s'être fait, pendant le service administratif, les relations nécessaires à cet effet (Mathieu1970).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃tufl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1remoitié xves. S. Pantouffle nom de saint fantaisiste (ms. B.N. lat. 13308 ds Leroquais, Heures, t.2, p.148)] 1. 1465 pantoufles «chaussures d'intérieur en tissu ou en cuir souple» (H. Baude, Vers, éd. J. Quicherat, p.23); 1480 panthoufles «chaussures à semelle épaisse et à haut talon» (G. Coquillart, Droitz nouveaulx ds OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.219, 1765: Noz mignonnes sont si treshaultes Que, pour sembler grandes et belles, Elles portent panthoufles haultes Bien a XXIIII semelles) v. aussi Id., ibid., p.157, 575, et ici au sing. 1480-90, Id., Monologue des perrucques, p.322, 90; av. 1486 pantoufles «chaussures élégantes» (G. Alexis, Le Mireur des moines, 38 ds OEuvres poét., éd. A. Piaget et E. Picot, t.3, p.11); 1488-94 pantouffle «sorte de chaussure souple qu'on mettait à l'intérieur des souliers (ou patins)» (O. de La Marche, Le Triomphe des dames, éd. J. Kalbfleisch-Benas, pp.4-5); 2. au fig. a) 1555 baiser la pantoufle de qqn «se soumettre à son autorité» (Calvin, lettre du 20 févr. ds Lettres, éd. J. Bonnet, t.2, p.19); b) 1618 prendre ses pantoufles pour aller quelque part «y aller commodément, sans effort» (Bruscambille, Prologue facécieux de l'impatience ds Fantaisies, p.80); c) 1740-55 en pantoufles «sans effort» (Saint-Simon, Mém. éd. A. de Boilisle, t.4, p.218: Sa situation [du château d'Ebernbourg] ni celle du pays ne demandoient point d'investiture, ni plus d'une attaque: de manière que les Impériaux faisoient ce petit siège en pantoufles); d) 1867 au plur. symbole du confort bourgeois et sans risque (Baudel., Poèmes prose, p.96); 3. 1521 maistre pantoufle «maître sot» (Fabri, Rhétorique, éd. A. Héron, t.I, p.268); 4. 1673 raisonner pantoufle «bavarder sans suite, à bâtons rompus» (Mmede Sévigné, Lettre du 19 nov. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t.1, p.621); 1798 raisonner comme une pantoufle «battre la campagne, déraisonner» (Ac.); 5. 1808 et coetera pantoufle euphémisme remplaçant un mot grossier (Hautel, s.v. et coetera); 1835 pantoufle «id.» (Balzac, Fille yeux d'or, p.366); 6. 1878 arg. «ensemble des élèves qui, à la sortie de l'École Polytechnique, renoncent aux carrières de l'État» (Moch. X-Lex., p.44); 1894 «carrière dans le privé» (en parlant des anciens élèves de Polytechnique) (Lévy-Pinet, loc. cit.). Mot d'orig. obsc. On a proposé l'étymon gr. π α ν τ ο ́ φ ε λ λ ο ς «tout en liège»; cette hyp., déjà émise par les humanistes de la Renaissance (G. Budé, H. Estienne, Varchi, etc.) est reprise (pour l'ital. pantofola d'où le fr. pantoufle serait issu) par Prati, DEI et EWFS2, ces 2 derniers expliquant le -t- au lieu du -d- attendu par une hypercorrection; cette étymol. fait cependant difficulté pour 2 raisons: a) il est difficile d'attribuer une orig. sav. à un mot comme pantoufle; b) il n'est pas prouvé que le lieu d'orig. des formes rom. soit l'Italie (où le mot est att. dep.le xves. sous la forme spantoffia d'apr. DEI; forme qui d'apr. Keller, art. cité infra, p.447, note 23, devrait son s initial à l'art. plur. du fr. dans les pantoufles), le fr. (supra), le cat. (att. dep.1463 sous la forme pantofle ds Alc.-Moll) et le port. (pantufo au xves. ds Mach.) étant contemporains. H. E. Keller (ds Mél. Wartburg (W. von)) 1958, pp.451-454, suivi par Bl.-W.3-5(mais non par FEW t.21, pp.534-535), reprenant une hyp. déjà proposée par Diez (s.v. pantofola), Sain. Sources t.1, p.202 et 203, et Cor., s.v. pantuflo, fait remonter pantoufle à la racine patt-; le mot serait d'orig. mérid. (H. Baude est originaire du Bourbonnais), ce qui expliquerait à la fois la syll. pant- au lieu de pat- (phénomène phon. propre à l'occit.) et le suff. -oufle (bien représenté dans le sud de la France), et aurait désigné d'abord une chaussure de paysan. Le fr. serait alors à l'orig. du mot dans les autres lang. rom. Guir. Lex. fr. Etymol. obsc., rapprochant pantoufle de pantin* et du dial. pantet «pan de chemise, etc.» (FEW t.7, p.559b), en fait un dér. de pan* à l'aide du suff. -oufle qui connoterait des objets plus ou moins gonflés ou des bruits plus ou moins sourds: la pantoufle aurait été à l'orig. une chaussure d'étoffe. Bien que l'hyp. de H. E. Keller soit la plus vraisembable, il manque encore pour ce mot une ét. approfondie de l'hist. des formes et des sens dans les lang. rom. (cf. G. Colon ds Z. rom. Philol. t.78, pp.84-85). Fréq. abs. littér.: 518. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 518, b) 1381; xxes.: a) 657, b) 625.
DÉR.1.
Pantouflier, -ière, subst.Personne qui fabrique ou vend des pantoufles. Voici quelques extraits de la liste de ce matin: (...) quarante libres penseurs, ouvriers ferblantiers, un pantouflier (Halévy,Carnets, t.1, 1867, p.148). [pɑ ̃tuflije], fém. [j-ε:ʀ]. 1reattest. ca 1530 «celui qui fabrique ou vend des pantoufles» (Myst. de l'Assomption ds Parfaict, Hist. du théâtre fr., t.3, p.76); de pantoufle, suff. -ier*.
2.
Pantouflier, subst. masc.,vx. Requin marteau (v. marteau II A 4). Voici des bataillons sans nombre (...) Le saumon, le muge, le scombre, Le pantouflier, l'églefin (Pommier,Océanides,1839, p.63).De petits squales d'un mètre (...) dont les dents disposées sur plusieurs rangs, se recourbent en arrière, et qui sont vulgairement connus sous le nom de pantoufliers (Verne,Vingt mille lieues, t.2, 1870, p.198). [pɑ ̃tuflije]. 1reattest. 1765 zool. (Encyclop.); de pantoufle, suff. -ier*.
BBG. Quem. DDL t.16.

Wiktionnaire

Nom commun - français

pantoufle \pɑ̃.tufl\ féminin

  1. Chaussure d’intérieur, que l’on met chez soi pour être plus à l’aise.
    • La robe de chambre bariolée, le pantalon du matin, tout, jusqu'aux pantoufles brodées, était correct et merveilleusement soigné. — (Stendhal, Le Rouge et le Noir)
    • […] et l'on court se mettre en pantoufles et en robe de chambre pour popoter avec lui au coin du feu. — (Octave Uzanne, Les zigzags d'un curieux, Maison Quantin, 1888, page 218)
    • Il répugne à la cérémonie et prétend ne pas désavouer devant sa belle-sœur une veste d’alpaga, un gilet blanc chiné de bleu, un pantalon de coutil et de confortables pantoufles de cuir noir sans talons, qu’il garde même pour sortir, et qu’excuse sa claudication. — (André Gide, Les Caves du Vatican, 1914)
    • Je vous accompagne à deux pas, déclara Jacques, en échangeant pour ses sabots les pantoufles brodées par les soins de son épouse ; […]. — (Louis Pergaud, La Disparition mystérieuse, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
    • Ses pieds se réchauffaient dans d’immenses pantoufles fourrées. — (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 86 de l’édition de 1921)
  2. (Figuré) (Familier) Définition manquante ou à compléter. (Ajouter)
    • Raisonner comme une pantoufle, faire un raisonnement qui témoigne de peu de logique, de peu d’intelligence.
  3. (Argot polytechnicien) Montant à rembourser en cas de non-respect de l'engagement décennal, dans l’argot de l’École polytechnique.
    • Sa « pantoufle » rachetée, il est devenu ingénieur et enfin P.D.G. — au Pecq — d’un braintrust spécialisé dans l'engineering (puisqu’il faut parler ainsi). — (Hervé Bazin, Cri de la chouette, Grasset, 1972, réédition Le Livre de Poche, page 24)
    • C'est assez souvent l'entreprise recrutant le fonctionnaire qui s'acquitte de la pantoufle.
  4. (Vieilli) Fer à cheval dont l'épaisseur augmente depuis le milieu jusque vers l’extrémité des branches. [1] [Note: normalement on devrait dire :« fer à pantoufle.»]
    • [...] ces fers ne contraignent pas tant le pied qu'une pantoufle et sont bon pour commencer à rétablir le pied. — (De Solleysel, Le parfait mareschal, tome 1, Éd. L'Honoré & Chatelain, Amsterdam 1723)
  5. (Québec) (Familier) Pubis poilu féminin.
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Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

PANTOUFLE. n. f.
Chaussure d'intérieur, que l'on met chez soi pour être plus à l'aise. Pantoufles d'été. Pantoufles d'hiver. Pantoufles fourrées. Pantoufle de maroquin. Une paire de pantoufles. Être en pantoufles et en robe de chambre. Fig. et fam., Raisonner comme une pantoufle, Faire un raisonnement qui témoigne de peu de logique, de peu d'intelligence.

EN PANTOUFLES, loc. adverbiale et proverbiale. Sans apparat, sans apprêt, en se mettant à son aise. Ce professeur fait sa classe en pantoufles, Il a une manière d'enseigner simple et même familière.

Littré (1872-1877)

PANTOUFLE (pan-tou-fl') s. f.
  • 1Chaussure qui sert à la chambre et qui ne s'attache pas comme le soulier. Mes pieds tortus humble pantoufle couvre, Scarron, Poés. div. Œuv. t. VII, p. 77, dans POUGENS. Il [un distrait] tire un livre pour faire sa prière, et c'est sa pantoufle qu'il a prise pour ses heures, La Bruyère, XI. Un homme de livrée court après lui, le joint, lui demande en riant s'il n'a point la pantoufle de Monseigneur ; Ménalque lui montre la sienne et lui dit : voilà toutes les pantoufles que j'ai sur moi ; il se fouille néanmoins et tire celle de l'évêque de *** qu'il vient de quitter, qu'il a trouvé malade au coin de son feu, et dont, avant de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle comme un de ses gants qui était à terre : ainsi Ménalque s'en retourne chez soi avec une pantoufle de moins, La Bruyère, ib.

    Mettre son soulier en pantoufle, abaisser le quartier de derrière du soulier, ce qui transforme le soulier en une sorte de pantoufle.

    Fig. Il a mis son soulier en pantoufle, se dit pour se moquer de quelqu'un qui croit s'être bien déguisé et qu'on reconnaît.

    Fig. et familièrement. Raisonner comme une pantoufle, ou, elliptiquement, raisonner pantoufle, dire des riens, raisonner au hasard. À neuf heures, M. de la Garde, l'abbé de Grignan, Brancas, d'Hacqueville sont entrés dans ma chambre pour ce qui s'appelle raisonner pantoufle, Sévigné, 166. (Cette locution vient d'un jeu de mot entre raisonner et résonner ; la pantoufle ne résonne pas.)

    Fig. En pantoufles, loc. adv. à son aise. Le gouverneur [d'une place assiégée], qui se nomme Nigrelli, avait dit au commencement qu'il n'avait qu'à se tenir en pantoufles dans sa chambre, et nous laisser faire pour une quinzaine de jours, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 281, dans POUGENS. La situation d'Ebembourg ni celle du pays ne demandaient point d'investiture [de blocus], ni plus d'une attaque, de manière que les impériaux faisaient ce petit siége en pantoufles, Saint-Simon, 49, 71.

    Plaider en pantoufles, plaider dans le lieu où l'on demeure contre un homme d'un autre pays.

    On irait en pantoufles en ce lieu, se dit pour exprimer que le chemin qui y mène est commode, aisé.

    Populairement. Et caetera pantoufle, quolibet dont on se sert comme d'un temps d'arrêt dans une énumération, dans un récit qui menace de devenir malhonnête.

  • 2Fer à pantoufle, ou, simplement, pantoufle, voy. FER, n° 10.
  • 3Levier d'orgue.
  • 4Pantoufle de Notre-Dame, muflier.
  • 5Cypripède ou sabot de Vénus.

HISTORIQUE

XVIe s. La vertu seroit mieux ; mais où elle defaut, se faut aider de l'hypocrisie, comme nous faisons de pantoufles, pour faire oublier notre petitesse, Marguerite de Navarre, Nouv. LII. Ce personnage baise la pantoufle [se soumet au pape, est catholique] comme les autres, Bèze, Vie de Calvin, p. 147.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PANTOUFLE. - HIST. Ajoutez : XVe s. Tous cordouaniers qui feront pantoufles y seront tenus mettre semelles et bordures de bonne vache, Rec. des monum. inédits de l'hist. du tiers état, t. IV, p. 223.

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Étymologie de « pantoufle »

Catal. plantofa ; espagn. pantuflo ; ital. pantofola, pantufola ; piémont. patofle et pantofle ; génev. patoufle, homme qui marche lourdement ; angl. pantofle ; allem. Pantoffel ; holland. pattuffel. Origine inconnue. Diez conjecture que le radical est pat nasalisé, lequel représente patte ; la finale oufle, qui par soi ne signifie rien, serait dite sur le modèle de man-oufle, employé en Provence pour moufle, gant. On pourrait aussi conjecturer un dérivé de panoufle (voy. ce mot), bien que l'insertion du t fasse une grosse difficulté.

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Dérivé, à l'aide du suffixe -oufle qui connoterait des objets plus ou moins gonflés ou des bruits plus ou moins sourds, de pan (« bout de tissu » → voir panufle en ancien français) → voir pantin au sujet du \t\ intercalaire : la pantoufle aurait été à l'origine une chaussure d'étoffe.
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Phonétique du mot « pantoufle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
pantoufle pɑ̃tufl

Fréquence d'apparition du mot « pantoufle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « pantoufle »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « pantoufle »

  • Quand vous êtes mort et que quelqu’un crie Debout là-dedans, c’est l’heure de se lever, c’est difficile d’enfiler ses pantoufles.
    Woody Allen — Destins tordus
  • Un ménage n'est plus un ménage lorsque c'est le chien qui apporte les pantoufles et la femme qui aboie.
    Henry Bernstein
  • La justice sociale se fonde sur l’espoir, sur l’exaltation d’un pays, non sur les pantoufles.
    Charles de Gaulle
  • La nuit de Noël est la plus horrible des nuits pour rester seul au lit, car le réveil ne ressemble pas du tout aux pubs Kodak avec des gosses en pantoufles... Ca ressemble à n’importe quelle autre journée de l’année !
    Armistead Maupin — Chroniques de San Francisco
  • C'est lorsque vous avez chaussé vos pantoufles que vous rêvez d'aventure. En pleine aventure, vous avez la nostalgie de vos pantoufles.
    Thornton Wilder
  • Il y a de grands voyages qu’on ne fait bien qu’en pantoufles.
    Jean Sarment
  • En cette période de déconfinement, la plupart des entreprises essaient de se relancer. Il y en a une, en Charente, qui débute son activité : "L'Atelier charentaises", qui fabrique des pantoufles à La Rochefoucauld. Elle a commencé sa production le jour du déconfinement.
    France Bleu — "La relance éco" : en Charente, la pantoufle se déconfine
  • Les Américains continuent de passer plus de temps chez eux alors que la crise du COVID-19 fait rage, suscitant un regain d’intérêt pour les pantoufles. Ces looks à la maison axés sur le confort stimulent les affaires de MukLuks, avec son offre de looks novateurs qui traversent les saisons.
    2051.fr — Cocooning at Home redynamise le marché des pantoufles, déclare le PDG de MukLuks - 2051.fr
  • Le cousu-retourné est l'emblème de ce savoir faire traditionnel. Il s'agit de coudre la pantoufle en la retournant sur l'intérieur.
    France 3 Nouvelle-Aquitaine — La Rochefoucauld : L'Atelier Charentaises relance la production de la pantoufle made in Charente
  • CHRONOLOGIE – La Manufacture charentaise (LMC) cesse son activité ce 16 janvier 2020, après sa liquidation judiciaire décidée par le tribunal de commerce d’Angoulême. C’était l’un des derniers sites à fabriquer la célèbre pantoufle en Charente. 
    SudOuest.fr — Charente : il était une fois une célèbre pantoufle, la charentaise
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Traductions du mot « pantoufle »

Langue Traduction
Anglais slipper
Espagnol zapatilla
Italien pantofola
Allemand slipper
Chinois 拖鞋
Arabe النعال
Portugais chinelo
Russe тапочка
Japonais スリッパ
Basque slipper
Corse pantofola
Source : Google Translate API

Synonymes de « pantoufle »

Source : synonymes de pantoufle sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « pantoufle »

Combien de points fait le mot pantoufle au Scrabble ?

Nombre de points du mot pantoufle au scrabble : 14 points

Pantoufle

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