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Mufle

Variantes Singulier Pluriel
Masculin mufle mufles

Définitions de « mufle »

Trésor de la Langue Française informatisé

MUFLE, subst. masc.

A.− Extrémité, ordinairement dépourvue de poil, du museau de certains mammifères. Deux vaches montraient, à travers les trous du mur de l'étable, leurs mufles roses et leurs gros yeux brillants (Balzac, Chouans,1829, p. 260).Vers quatre heures, entrée en scène des hippopotames. Leur mufle énorme vient crever la surface de l'eau (Gide, Retour Tchad,1928, p. 870).
P. méton. Élément décoratif imitant ou rappelant un mufle d'animal réel ou imaginaire. Leur cavalerie (...) était effrayante à voir, avec ses casques chargés de muffles d'animaux sauvages, et surmontés d'ailes d'oiseaux (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 161).Le mufle de lion vomissait dans sa vasque une eau abondante et pure (Gautier, Fracasse,1863, p. 492).
B.− P. anal.
1. Mufle-de-veau. Muflier des jardins. C'est cette poussière qui (...) entretient la végétation des mousses, des pariétaires, des mufles-de-veau, des giroflées jaunes, et quelquefois même celle des arbres (Bern. de St-P., Harm. nature,1814, p. 141).
2. Pop. Nez. C'est le mufle pointu de maître Nicolo (Barbier, Satires,1865, p. 245).La femme Teston (...) le mufle dans son mouchoir, la carcasse cassée (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 42).
P. méton., péj. L'ensemble du visage. Le maire, Saleur, un gros homme trapu, au mufle bovin (...) s'était brusquement enrichi (Zola, Vérité,1902, p. 155):
1. Il y avait comme un pressentiment de vertige sur ce mufle de basse canaille couperosé par l'alcool et tordu au cabestan des concupiscences les plus ordurières. Bloy, Femme pauvre,1897, p. 10.
C.− Fam. Personnage vulgaire, grossier, indélicat. Traiter qqn de mufle; quel mufle! Vous êtes donc le dernier des couards comme vous êtes le dernier des mufles (Courteline, Conv. Alceste,Margot, 1888, p. 79).Nous feignons d'oublier que chaque génération d'enfants porte en germe tous les goujats, toutes les crapules et tous les mufles de demain (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 170):
2. Je veux que tout Paris le sache, que le monde entier, monsieur, sache que vous êtes un mufle. Un mufle doublé d'une canaille, une canaille doublée d'un fauve, un fauve doublé d'un niais... Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 227.
Emploi adj. Or « l'esprit mufle » est né de l'apport du document humain que les Naturalistes prisaient au premier chef (Carco, Nostalgie Paris,1941, p. 173):
3. ... elle avait depuis peu entendu dire par une femme sculpteur : « On peut s'attendre à tout de la part des hommes, ils sont si mufles », et frappée par la profondeur de cette maxime pessimiste, elle se l'était appropriée... Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 467.
REM. 1.
Muflard, adj. et subst. masc.a) Adj. et subst. masc., hapax, fam. Mufle. Ce porcin, ce pignouf, ce muflard (Goncourt, Journal,1885, p. 411).Il y a des académiciens pas mal muflards (Goncourt, Journal,1885p. 507).b) Subst. masc. [Ds l'arg. de l'École navale] . ,,Professeur de gymnastique`` (Esn. 1966).
2.
Mufleman, subst. masc.,p. plaisant. Même sens. Son désir de se soustraire à une haïssable époque d'indignes muflemens (Huysmans, À rebours,1884, p. 70).Visite du propriétaire et d'un mufleman qui voudrait louer notre appartement (Bloy, Journal,1900, p. 390).
3.
Muffler, verbe intrans.,pop. Renifler, flairer. C'est l'eau qui muffle dans les toitures de Méa (Giono, Batailles ds mont.,1937, p. 314).
4.
Mufle-de-veau. V. supra B 1.
Prononc. et Orth. : [myfḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Zola, Assommoir, 1877, p. 455 : mufe. Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 127 et France, Île ping., 1908, p. 347 : muffe. Ramuz (Gde peur mont., 1926, p. 176), Michelet (loc. cit.), Vercel (Cap. Conan, 1934, p. 137), Goncourt (Journal, 1895, p. 863) : muffle. Étymol. et Hist. 1. 1540 « extrémité du museau de certains mammifères » (N. Herberay des Essarts, Premier livre d'Amadis, éd. H. Vaganay, p. 322); 2. 1612 « visage laid, épais, aux traits lourds » (P. Troterel, Les Corrivaux, II, 2 ds Anc. théâtre fr., t. 8, p. 255); 3. 1824 « lourdaud » (d'apr. Bl.-W.1-5); 1830 « badaud naïf » (d'apr. Esn.); 4. a) 1840 « homme mal élevé, sans délicatesse de manières ni de sentiments » (Ac. Compl.); b) 1866 emploi adj. (Delvau). Altération, par croisement avec museau*, de moufle3* « gros visage gras et rebondi ». Fréq. abs. littér. : 442. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 59, b) 611; xxes. : a) 1 251, b) 748. Bbg. Quem. DDL t. 6. − Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. Paris, 1962, pp. 463-464.

Wiktionnaire

Adjectif - français

mufle \myfl\ masculin

  1. (Figuré) (Familier) (Péjoratif) Dont la conduite est indélicate et grossière.
    • Dites, vous m'écoutez quand je parle ! Je me retins de justesse de jurer, car non content de me tenir des propos sibyllins, il était vissé devant l'écran de son ordinateur, attitude que je trouvais particulièrement mufle. — (Hélène Calvez, Un rêve en noir et blanc: Un roman de crimes et d'énigmes, chez l'auteur, 2016)

Nom commun - français

mufle \myfl\ masculin

  1. Extrémité du museau de certains animaux, comme le bœuf, le taureau, et de certains fauves, comme le lion, le tigre.
    • Une vache qui paissait l’herbe abroutie du talus, leva son mufle vers lui… — (Octave Mirbeau, Rabalan.)
    • Aussi n’est-il pas aisé de quitter le grand chemin et de s’enfoncer dans les rares sentiers, car on peut à tout moment se rencontrer nez à mufle avec les plus redoutables de tous les carnassiers […]. — (Alfred Assolant, Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran, 1867)
    • Les bêtes levèrent leur mufle humide et, dociles à l’invite de leur jeune gardien, gravirent le coteau pour reprendre, […], le chemin de terre bordé de haies vives aboutissant au village. — (Louis Pergaud, Un satyre, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)
  2. Ornements de sculpture qui représentent des mufles d’animaux.
    • Il a appartenu à une corniche ou à un chapiteau, la sculpture est d'un très-bon goût, quoique un peu chargée d'ornement : des mufles sculptés dans le même morceau de marbre forment une espèce de frise au-dessous de la corniche. — (Auguste Pelet, Catalogue du musée de Nîmes, précédé de la notice historique de la Maison-Carrée et de la biographie de Sigalon, Nîmes : chez le Concierge de la Maison-Carrée, 1844, page 37)
  3. (Figuré) (Familier) (Péjoratif) Homme dont le caractère est grossier et brutal et qui agit de façon indélicate.
    • Et c’est le Moyen Age qui nous les légua pour nous aider à sauver, s’il se peut, l’âme du mufle moderne, du mufle mort ! — (Joris-Karl Huysmans, En route, 1895)
    • Il demeurait courtois jusque dans sa façon de relever les manques d’égards et de grossièretés. À quelqu’un, qui bousculait sa femme dans un corridor de théâtre : « Permettez-moi de vous dire, monsieur, que vous êtes un mufle de la dernière catégorie ». Puis, comme l’autre bafouillait des excuses : « Vous voici maintenant de la toute première ». — (Léon Daudet, ‘’Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux/Salons et Journaux’’, Grasset, 1917, réédition Le Livre de Poche, page 325)
    • Connaissant Max, je sais qu'il se sentirait mal de s'être comporté comme un vrai mufle, quand bien même il ne s'agissait que d'un rêve. — (Lisa Steinke & ‎Liz Fenton, Le vrai statut de ma vie, traduit de l'anglais par Maryse Leynaud, Éditions Prisma, 2016, chapitre 5)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

MUFLE. n. m.
Extrémité du museau de certains animaux, comme le bœuf, le taureau, et de certaines bêtes féroces, comme le lion, le tigre. Il se dit aussi des Ornements de sculpture qui représentent des mufles d'animaux. Fig. et fam., il se dit par mépris d'un Homme dont le caractère est grossier et brutal et qui agit de façon indélicate. Il a agi avec moi comme un mufle. Adjectivement, Il s'est montré bien mufle en cette affaire.

Littré (1872-1877)

MUFLE (mu-fl') s. m.
  • 1Partie nue et recouverte d'une membrane muqueuse qui termine le museau de certains mammifères. Mufle de taureau, de lion.
  • 2 Terme de peinture et de sculpture. Masque ou ornement qui représente la tête de quelque animal, particulièrement celle du lion.
  • 3 Fig. et par dérision, visage d'un homme qu'on veut injurier. Du meilleur de mon cœur je donnerais sur l'heure Les vingt plus beaux louis de ce qui me demeure, Et pouvoir à loisir sur ce mufle assener Le plus grand coup de poing que je puisse donner, Molière, Tart. V, 4. Chien d'homme ! ho ! que je suis tenté d'étrange sorte De faire sur ce mufle une application, Molière, le Dép. II 7. Lui [cet abbé], dont l'œil louche et le mufle effronté Font frissonner la tendre volupté, Voltaire, Antigiton.

    Donner sur le mufle à quelqu'un, le frapper au visage.

  • 4 Populairement. Personne laide et désagréable.
  • 5Mufle de veau, mufle de bœuf, mufle de chien, le muflier des jardins.
  • 6 Terme de métallurgie. Orifice de la buse d'un soufflet.
  • 7Bande de fer sur le bout d'un ressort.

HISTORIQUE

XVIe s. Ils avoient en leurs testes des armets faits en forme de gueules de bestes sauvages, et de meufles estranges, sur lesquels ilz portoient de grands et haults pennaches, Amyot, Marius, 44.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MUFLE.
6 Terme de métallurgie.

Ajoutez : Partie d'un soufflet sur laquelle est fixée la buse.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : L'un [taureau] à l'oreille, et l'autre au mufle seigne, J. Peletier du Mans, la Savoye (1572), Chambéry, 1856, p. 262.

Version électronique créée par François Gannaz - http://www.littre.org - licence Creative Commons Attribution

Étymologie de « mufle »

Berry, moufle ; de l'allemand Muffel, Moffel, chien à grosses lèvres pendantes, et, par extension, mufle, qui vient de l'ancien haut allemand mupfan, contracter la bouche. On a dit moufle, au féminin, pour mufle : Morbleu, si plus tu m'interromps, Je pourrais à la fin te donner sur la moufle, Hauteroche, l'Amant qui ne flatte point.

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(XVIe siècle) Par croisement avec museau, de moufle, « gros visage gras et rebondi », lui-même de l’allemand Muffel.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « mufle »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
mufle myfl

Fréquence d'apparition du mot « mufle » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « mufle »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « mufle »

  • - Oh, le mufle! Mais enfin, il y a à peine une année de différence entre vous.
    «La damoiselle et Cro-Magnon-19», l’air du temps de...
  • Plutôt embrasser une vache folle sur le mufle qu’une fumeuse sur la bouche.
    Paul Carvel — Jets d’encre
  • Etre macho, c'est être comme moi : ceux qui le sont plus sont des mufles ; ceux qui le sont moins ne sont pas des hommes.
    Sammi Cheb Nil
  • Les chercheurs s'attendaient à trouver un ornement en forme de rosace, de mufle ou encore de lion, motifs d'où jaillissait habituellement l'eau. C'est pourtant un lapin qui s'est offert à eux. Et ce rongeur sculpté est exposé au Grand Palais, à côté de la mosaïque.
    leparisien.fr — Exposition Pompéi : des trésors dévoilés pour la première fois au public - Le Parisien
  • C’est un livre (Flammarion) qui se passe aux portes d’un cimetière où ne manque que la tombe d’Edgar Poe pour qu’aux « noirs vols du Blasphème épars dans le futur » réponde le sarcasme de celui qui semble – il n’a que 22 ans – avoir, dans une autre vie, approché le mufle du Rien. 
    La Règle du Jeu — Bernard-Henri Lévy, Retenez bien ce nom : Nathan Devers - La Règle du Jeu - Littérature, Philosophie, Politique, Arts
  • Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,Dans l’air lourd, immobile et saturé de mouches,Pendent, et, s’enroulant en bas parmi les souches,Bercent le perroquet splendide et querelleur,L’araignée au dos jaune et les singes farouches.C’est là que le tueur de bœufs et de chevaux,Le long des vieux troncs morts à l’écorce moussue,Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.Il va, frottant ses reins musculeux qu’il bossue ;Et, du mufle béant par la soif alourdi,Un souffle rauque et bref, d’une brusque secousse,Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,Dont la fuite étincelle à travers l’herbe rousse.En un creux du bois sombre interdit au soleilIl s’affaisse, allongé sur quelque roche plate ;D’un large coup de langue il se lustre la patte ;Il cligne ses yeux d’or hébétés de sommeil ;Et, dans l’illusion de ses forces inertes,Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,Il rêve qu’au milieu des plantations vertes,Il enfonce d’un bond ses ongles ruisselantsDans la chair des taureaux effarés et beuglants. 
    Leconte de Lisle — « Le rêve du jaguar »

Traductions du mot « mufle »

Langue Traduction
Anglais muzzle
Espagnol bozal
Italien museruola
Allemand schnauze
Chinois 枪口
Arabe كمامة
Portugais focinho
Russe морда
Japonais 銃口
Basque bozal
Corse musetta
Source : Google Translate API

Synonymes de « mufle »

Source : synonymes de mufle sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « mufle »

Combien de points fait le mot mufle au Scrabble ?

Nombre de points du mot mufle au scrabble : 10 points

Mufle

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