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Bonhomme

Variantes Singulier Pluriel
Masculin et féminin bonhomme bonhommes

Définitions de « bonhomme »

Trésor de la Langue Française informatisé

BONHOMME, subst. masc. et adj.

I.− Substantif
A.− Vieilli
1. Homme bon, vertueux, d'un comportement favorable, agréable à autrui. Helvétius, (...) honnête homme et bon (sic) homme (mot dont on a trop mésusé, et qu'il faut faire revenir à sa première valeur) (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2,1797, p. 273);un bonhomme facile, leur rendant la vie douce et tranquille (Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 24).
Faux bonhomme. Celui qui contrefait la bonté pour mieux parvenir à ses fins. ... faisant la chattemite, le bon apôtre, le faux bonhomme, et démolissant sournoisement tout ce qui ne lui sert pas (Amiel, Journal intime,1866, p. 191);les Faux bonshommes, pièce de T. Barrière et E. Capendu (1856).
Rem. Bons-hommes désignait autrefois plusieurs sortes de religieux : Les innombrables sectes communistes du moyen-âge (...) bégards, bons-hommes (...) vrais disciples de Jésus (Renan, Hist. des origines du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 191).
2. Par affaiblissement, gén. péj. Homme simple, naïf, excessivement crédule ou complaisant :
1. Danglars, vis-à-vis du monde et même vis-à-vis de ses gens, affectait le bonhomme et le père faible : c'était une face du rôle qu'il s'était imposé dans la comédie populaire qu'il jouait; (...), dans l'intimité (...) la plupart du temps, le bonhomme disparaissait pour faire place au mari brutal et au père absolu. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 493.
SYNT. Bonhomme de mari : le bonhomme de mari marchand ou juge à Florence (Lemaitre, Les Contemporains, 1885, p. 290). Faire le bonhomme : ... faisait le bonhomme (...) jouant, zézayant (Zola, Nana, 1880, p. 1290).
B.− P. ext., fam., pop. [Avec une nuance de protection, de pitié, de dédain ou d'affection, selon les cas]
1. Emplois discursifs. Personne traitée sans grand respect parce que considérée comme un inférieur ou un égal sous divers rapports.
a) [Sous le rapp. de l'âge]
Vx. Vieillard (la sénilité étant censée diminuer les facultés). Vieux bonhomme :
2. ... en Touraine, en Anjou, en Poitou, dans la Bretagne, le mot bonhomme, déjà souvent employé pour désigner Grandet, est décerné aux hommes les plus cruels comme aux plus bonasses, aussitôt qu'ils sont arrivés à un certain âge. Ce titre ne préjuge rien sur la mansuétude individuelle. Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 124.
Jeune homme. Un petit bonhomme de vingt-cinq ans environ (...) un monocle, l'air considérable (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 125):
Enfant :
3. C'était un bonhomme de cinquante ans qui menait par la main un bonhomme de six ans. Sans doute le père avec son fils. Le bonhomme de six ans tenait une grosse brioche. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 468.
b) [Sous le rapp. de l'aspect physique] Individu de petite taille. Un petit bonhomme comme un petit homme nain (E. et J. de Goncourt, Journal,1866, p. 252).
c) [Sous le rapp. de la condition soc.]
Vx. Paysan. Tous ces bonshommes et bonnes femmes en superbes et barbares costumes de moujiks (Alain-Fournier, Correspondance[Avec J. Rivière], 1908, p. 358).
Absol. (surtout p. oppos. au milit.). Le bonhomme, vivre aux dépens du bonhomme, etc. Des animaux de guerre, le harnois sur le dos et les armes au poing, avaleurs de pois gris, lévriers affamés, jamais las de manger le bonhomme (R. Rolland, Colas Breugnon,1919, p. 30).
Jacques Bonhomme. Sobriquet du paysan. Le John Bull des Anglais, le Jacques Bonhomme des Français (Balzac, Œuvres diverses,t. 2,1850, p. 54);un de ces volumes qu'on fabrique pour les paysans (...) « Les veillées du bonhomme Jacques » (Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 277).
Tout autre roturier, homme du peuple ou bourgeois :
4. ... il paraissait, tout archevêque qu'il était, aussi ridicule et aussi mal avisé que le bonhomme Gorgibus de Molière, ou, si l'on veut, le bonhomme Chrysale, parlant à une précieuse, ou encore un homme de bon sens de la classe moyenne de la restauration se lançant à causer politique avec une jeune beauté doctrinaire. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 78.
Spéc., arg. milit. Simple soldat (p. oppos. à gradé) :
5. Et le 22 mai, à midi, nos bonshommes rentrent dans le fort de Douaumont. Soldats de la division Mangin, bataillons des 36e, 129e, 74eet 54erégiments, vous vous souviendrez de cette heure et de cette date où vous égalâtes les plus audacieux conquérants! Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 141.
Mod., cour. Homme quelconque. Pauvre bonhomme, drôle de bonhomme :
6. − Si ce monsieur finance L'Espoir, il voudra y mettre son nez, dit Henri. − Ah! ça, pas question! dit Dubreuilh. (...). − Ça m'a l'air d'un dôle de philanthrope, votre bonhomme. − Si vous voyiez le type, vous comprendriez tout de suite, dit Dubreuilh. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 140.
PARAD. a) (Quasi-)synon. gars, mec, quidam, type. b) (Quasi-) anton. célébrité, notabilité, personnalité.
d) [Sous le rapp. de l'esprit] Individu remarquable par sa valeur intellectuelle, son talent, etc., mais envers qui on affecte une certaine familiarité pour le dénigrer, ou, le plus souvent, pour traduire, sans excès d'emphase, l'admiration très vive et très sincère qu'on lui porte. Grand bonhomme :
7. ... je regrette, au point de vue du comique, qu'on n'ait point poursuivi le père Hugo, pour son dernier bouquin que, moi, je trouve superbe. Quelle narration! Et quel gaillard que ce bonhomme! Flaubert, Correspondance,1877, p. 93.
Absol. Le bonhomme. Surnom de La Fontaine. Je trouve irrespectueux d'appeler La Fontaine « le bonhomme » (Renard, Journal,1909, p. 1220).
Rem. Dans cette accept., bonhomme tend à reprendre la valeur favorable qu'il avait à l'orig. (cf. accept. I A 1).
2. Emplois interjectifs
a) Bonhomme!, Mon bonhomme!, etc. « Passez, passez, bonhomme, on vous a donné. » (Formule usitée envers les pauvres qui redemandent l'aumône) (Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 98);adieu, bonhomme Paul (...) Au revoir, mon bonhomme (Courier, Pamphlets pol.,Lettres particulières, 1820, p. 70).
Rem. 1. A pu s'employer except. à l'adresse d'une pers. de sexe fém. : chérie! petit bonhomme! mon chou! (Audiberti, Le Mal court, 1947, I, p. 142); mademoiselle ma fille, mon petit bonhomme (Claudel, Le Pain dur, 1918, I, 3, p. 424). 2. S'emploie aussi en soliloque à l'adresse d'une pers. présente ou non : « cause toujours, mon bonhomme! » (Aragon, Les Beaux quartiers, 1936, p. 342).
b) Nom d'un petit bonhomme! Juron inoffensif (cf. Balzac, Eugénie Grandet, 1834, p. 190; Bernanos, Un Crime, 1935, p. 808, etc.).
Rem. D'apr. Larchey (Les Excentricités du lang. ..., 1865, p. 221) : ,,Nom d'un petit bonhomme est une allusion aux statuettes qui représentent le Christ.``
Rem. gén. rel. aux accept. I A et I B. Le sens originel de bonhomme (= homme bon, cf. I A) s'est complètement perdu dans les emplois les plus récents et les plus cour. du mot (cf. I B). D'où la possibilité en I B d'associations contradictoires ou redondantes p. rapp. à la signif. première : un bon bonhomme (A. Daudet, Le Petit Chose, 1868, p. 326; G. Nouveau, Valentines. 1886, p. 157; Benjamin, Gaspard, 1915, p. 122); un méchant bonhomme (R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littér., 1943, p. CXVI).
C.− Par image
1. Figure représentant schématiquement un homme moyen. Dessiner des bonshommes, test du bonhomme :
8. ... vers dix-huit ou vingt mois, le bébé commence à « gribouiller », à porter, sous forme de griffonnages, des « traces intentionnelles »; vers trois ans, ces traces commencent à devenir imitatives, mais le bonhomme se traduit par un rond et deux bâtons; l'ère du hasard est close. Après quatre ans, deux points interviennent dans le rond pour évoquer les yeux, (...). Il faut attendre six ans, au plus tôt, pour que se manifeste le sens objectif; « le bonhomme est complet, membres encore mal articulés »; ... Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, pp. 116-117.
Rem. Bonhomme ne désigne pas seulement un dessin d'enfant ou de primitif; il peut désigner aussi une figurine quelconque rappelant la forme humaine : les poupées (...) les bonshommes (...) les jouets (G. Sand, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 168); les « bonshommes » (...) figures de cire (Verne, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, p. 5); mille bibelots, des potiches, des statuettes, des bonshommes de Saxe et des magots de Chine (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 2, Mademoiselle Fifi, 1881, p. 158); bonshommes, faits de quatre branches et d'une vieille chemise, qu'on met dans les jardins pour faire peur aux moineaux (Ramuz, Derborence, 1934, p. 148).
Spéc. Bonhomme de neige. Patapouf énorme, informe et blafard, comparable aux bonshommes de neige que construisent les enfants, l'hiver (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 145);bonhomme de/en pain d'épices (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 87).
[Avec une valeur allégorique]
Bonhomme hiver (sans doute p. allus. au vieillard qui personnifie l'hiver) (cf. A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, p. 449).
Péj. Dieu figuré sous forme humaine. Un bonhomme à longue barbe blanche (...) [être] athée à ce vieux bon Dieu-là (Hugo, L'Année terrible,1872, p. 89).
2. P. ext.
a) JEUX. Petit bonhomme vit encore. Phrase prononcée par les joueurs en se transmettant l'un à l'autre une allumette ou un morceau de papier enflammé(e), symbolisant une forme humaine (l'extinction étant punie d'un gage). Un jeu qu'on appelle le petit bonhomme vit encore, jeu que les anciens connoissoient sous un nom plus noble (Chateaubriand, Polémique,1818-27, p. 164).
Rem. P. allus. au jeu (maintenant vieilli), cette expr. s'emploie dans la lang. cour. pour signifier que qqn se porte toujours très bien malgré les apparences (cf. Flaubert, Correspondance, Suppl., 1879, p. 287; Montherlant, Les Célibataires, 1934, p. 863).
b) Domaine littér.Personnage de roman, etc. :
9. Quand je faisais des romans, que je créais des personnages, ma création me tenait compagnie, faisait une société, peuplait enfin ma solitude, − je vivais avec les bonshommes et les bonnes femmes de mon bouquin. E. et J. de Goncourt, Journal,1885, p. 464.
SYNT. Entrer/se mettre dans la peau du bonhomme : ... entrer dans l'esprit de son héros, « dans la peau de son bonhomme », comme disent les gens de ce moment du siècle (Verlaine, Œuvres posthumes, t. 2, Voyage en France par un Français, 1896, p. 113); ... me mettre dans la peau de mes bonshommes (Renard, Journal, 1896, p. 348); tenir son bonhomme (cf. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly, 1860, p. 20).
Rem. 1. Ces expr. seraient partic. au théâtre selon les dict., mais les attest. littér. montrent qu'elles s'emploient dans un cont. plus gén. 2. Sans doute p. anal. avec les personnages littér., bonhomme s'emploie parfois en parlant de soi, pour évoquer un certain aspect de sa propre personnalité : ... en moi (...) deux bonshommes distincts (Flaubert, Correspondance, 1852, p. 343).
D.− P. métaph. Nos vieux bonshommes de clochers (Coppée, Prose,t. 7, Mon franc-parler II,1896, p. 80);... la lampe (...) tranquille, sous son bonhomme d'abat-jour vert (Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 107).
E.− Au fig. Un bonhomme de proverbe (G. Sand, Souvenirs de 1848,1876, p. 172);un brave bonhomme de sujet, suffisamment intéressant, bien littéraire, bien sage (G. Magnane, La Bête à concours,1941, p. 82).
Aller son petit bonhomme de chemin. Suivre la voie toute tranquille qu'on a choisie, sans se laisser dérouter par les événements extérieurs (cf. Constant, Journaux intimes, 1803, p. 43; Châteaubriant, M. des Lourdines, 1911, p. 63).
Rem. gén. sur le subst. 1. Noter la fréquence du tour bonhomme de + subst. à de nombreux niveaux d'emploi : de y joue le rôle de cheville syntaxique reliant bonhomme à un terme en apposition. 2. Noter chez certains aut. qq. essais d'emploi en loc. à la bonhomme, en bonhomme : ... enfonc[er] à la bonhomme ses deux mains dans ses poches (Barrès, Les Déracinés, 1897, p. 307). 3. Bonhomme subst. a pour plur. correct bonshommes. ,,Le pluriel bonhommes est populaire`` d'apr. Thomas 1956. On le rencontre pourtant chez les meilleurs aut. : ... ces deux gros bonhommes (Péguy, Ève, 1913, p. 826). Cette forme serait licite d'apr. Lar. 20eet Lar. encyclop. dans l'accept. I B 1 c spéc. arg. milit. : qq. aut. l'utilisent (cf. Benjamin, Gaspard, 1915, p. 13 et 120; Barbusse, Le Feu, 1916, p. 285), mais d'autres emploient la forme cour. (ex. 5).
II.− Adjectif
A.− [En parlant d'une pers., d'un groupe de pers., d'un aspect du comportement hum.]
1. Vieilli. Qui a un bon naturel, qui se montre favorable, secourable à autrui :
10. Messire Jean Chouart était bonhomme, tout à son bréviaire, à ses ouailles; il était doux, et humble de cœur, secourait l'indigent, confortait le dolent, assistait le mourant, il apaisait les querelles, pacifiait les familles : ... Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 26.
PARAD. a) (Quasi-)synon. bienveillant, bonasse, débonnaire, gentil. b) (Quasi-)anton. féroce, méchant.
2. Par affaiblissement. Sans détours, d'une grande simplicité et complaisance. Un rire bonhomme, un sourire bonhomme et presque naïf :
11. Ce parler lent, poussif, bonhomme, fait pour conduire l'évidence tranquille, recèle une preuve touchante d'intimité avec soi-même et de franchise confiante; c'est foncièrement et uniquement puéril. Frapié, La Maternelle,1904, p. 18.
12. ... ils donnent généralement des incrédules caustiques et froidement agressifs (NEAP) ou bonhommes et tolérants (EAP). S'ils sont religieux, leur religion est facile et accommodante. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 743.
PARAD. a) (Quasi-)synon. affable, aimable, bon prince, candide, conciliant, facile, franc, naturel, pacifique, paternel. b) (Quasi-) anton. affecté, arrogant, fier, hautain, orgueilleux, suffisant.
Péj. Sans manières, d'un laisser-aller excessif. Un peuple épais et bonhomme (Michelet, Journal, Appendices,1849-60, p. 574);l'air bonhomme et un peu empêtré (Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1909, p. 87).
PARAD. a) (Quasi-)synon. gauche, grossier, rustaud. b) (Quasi-)anton. délicat, fin.
B.− P. anal.
1. [En parlant de choses ayant trait essentiellement à l'activité hum.] ... l'ancien commerce, bonhomme et simple (Zola,Au Bonheur des dames,1883, p. 402);... la vie (...) calme et sûre / Bonhomme, et forte et pure au fond et rassurante (Verlaine, Œuvres posthumes,t. 1, Varia, Rotterdam,1896, p. 22).
2. Except. [En parlant d'un animal] Un cheval blanc (...) très gras, le poil luisant, l'air bonhomme (Zola, Germinal,1885, p. 1182).
Rem. 1. (sur l'adj. en gén.). À la différence du subst., l'adj. a pour seul plur. bonhommes (ex. 12). 2. On rencontre dans la docum. les néol. suiv. a) Bonhommier, ière, adj. (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 91 : la sombre brutalité de Doppet et la bravoure bonhommière de Dugommier; suff. -ier, ière*). (Quasi-)synon. bonhomme (cf. supra II A). b) Bonhommement, adv. (E. et J. de Goncourt, Journal, 1871, p. 793 : parle[r] bonnement, carrément; suff. -ement [-ment2*]). D'une manière bonhomme, avec simplicité, familiarité. c) Bonhomiser, verbe trans. (Id., ibid., 1882, p. 192 : bonhomise[r] si bien sa pensée dans les euphonies spirituelles d'une langue de civilisé; suff. -iser*). Rendre bonhomme.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bɔnɔm], plur. bonshommes [bɔ ̃zɔm], fém. bonne femme [bɔnfam]. Pour la dénasalisation de la 1resyll. de bonhomme, cf. bon1. 2. Forme graph. − Grev. 1964, § 291 note : ,,bonhomme, gentilhomme, ainsi que les titres madame, mademoiselle, monseigneur, monsieur, forment leur pluriel en faisant varier chacun des éléments composants comme s'il était isolé : bonshommes, gentilshommes, mesdames, mesdemoiselles, messeigneurs (nosseigneurs), messieurs`` (cf. aussi Littré). Il signale que le plur. pop. de bonhomme est bonhommes (prononc. bɔnɔm). Noter que Fér. 1768 signale le plur. comme étant peu usité : ,,bonhomme ne se dit point au pluriel, excepté dans cette phrase : les bons-hommes pour désigner les Minimes de Passy``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiies. « homme bon, homme de bien » (Artur, B.N. 337, fo253cdans Gdf. Compl.); av. 1755 emploi adj. (St-Sim., 110, 191 dans Littré); xves. [date ms.] « brave homme » (Un Miracle de N.D., Comment le roy Clovis se fist crestienner dans Th. fr. au Moy. Age, éd. Monmerqué et Michel, p. 618); d'où par affaiblissement 1671, 23 sept. « homme qui a une simplicité familière » (Sév. dans Dub.-Lag.); 2. 1392 « manant roturier » (Lit. remiss. in Reg. 142 Chartoph. reg. ch. 293 dans Du Cange, s.v. Boni homines); 1360 Jacques Bonhomme (Ibid., 89, ch. 377, ibid., s.v. Jaquei); d'où a) 1668 fam. (La Font., IV, 92 dans H. Regnier, Lex. de la langue de J. de La Fontaine, Paris, t. 1, 1892, p. 100); 1794 (mon) bonhomme, supra, I B 2 a; b) 1792 fam. et condescendant (J. Marat, Les Pamphlets, p. 314); c) 1762 fam. et affectueux petit bonhomme « petit garçon » (J.-J. Rouss., Ém., II dans Littré); d) p. ext. 1831 « figure humaine façonnée ou dessinée grossièrement » (Musset, Articles publiés dans le journal Le Temps en 1830 et 1831, p. 50); 3. 1536, 15 févr. « homme âgé, vieillard » (Rabelais, Lettre à Mgr de Maillezais dans Œuvres, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 366), actuellement vieilli; 4. a) 1803, févr. aller son petit bonhomme de chemin, supra I E; b) 1834 juron nom d'un petit bonhomme, supra I B 2 b. Composé de bon1* et de homme*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 744. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 009, b) 6 485; xxes. : a) 4 332, b) 3 020.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 144. − Goug. Lang. pop. 1929, pp. 103-104. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 243, 253. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 102. − Sain. Lang. par. 1920, p. 121, 529.

Wiktionnaire

Nom commun - français

bonhomme \bɔ.nɔm\ masculin (pour une femme, on dit : bonne femme)

  1. Homme simple, peu avisé, qui se laisse dominer et tromper.
    • Va, mon bonhomme, et tu verras comme tu seras bien reçu. — (Comtesse de Ségur, Mémoires d’un âne, 1860)
    • Il fallait voir, le jeudi 10 décembre 1896, tous ces pauvres petits bonhommes et toutes ces pauvres petites bonnes femmes, esthètes infortunés des deux sexes qui, l’œil noyé, tendaient le cou et ouvraient à demi la bouche pour communier en l’honneur d’Ubu.— (Anatole Claveau, Les snobs, dans Sermons laïques, Paris : Paul Ollendorff, 1898, 3e éd., page 34)
    • On l’eût même pris pour un bonhomme sans la spiritualité de son regard. — (Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938)
    • Quand les hommes dits pratiques – qui ne sont souvent que des hommes à courte vue – considèrent la science pure comme un luxe [...], ils s'apparentent aux solennels bonshommes des siècles passés : Lord Melbourne accusant Michael Faraday de perdre son temps à jouer avec un aimant; Samuel Johnson reprochant à Benjamin Franklin d'embouteiller de l'électricité au lieu de s'occuper de ces choses primordiales que sont les guerres et les crises politiques. — (Marie-Victorin, « Pour un institut de géologie », Le Devoir, 27 janvier 1937, page 10)
  2. (Familier) Homme d’un âge avancé.
    • Le bonhomme se porte encore bien.
    • Un vieux bonhomme.
    • Ouvre, bonhomme Hiver… c’est le Printemps qui sonne. — (Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard, Calmann-Lévy ; réédition Le Livre de Poche, 1967, page 191)
  3. (Familier) Homme du peuple ou de la campagne, en particulier paysan (du point de vue de la condition sociale).
  4. Homme courageux, qui ne fuit pas ses responsabilités.
  5. Représentation sommaire d'un être humain par dessin, par bricolage ou autre moyen d’art plastique.
    • Dessiner des bonshommes sur le mur.
    • Faire des bonshommes.
    • Cet ensemble comprend environ une cinquantaine de petits bonshommes, violemment peinturlurés, qui représentent avec aplomb et raideur tout ce qu’il y a de plus aristocratique, de plus distingué, de plus officiel, dans le monde militaire et politique du Royaume-Uni. — (Jules Verne, P’tit Bonhomme, chapitre 2, J. Hetzel et Cie, Paris, Illustrations par Léon Benett, 1891)
  6. (Militaire) (Familier) Nom que les officiers et sous-officiers donnent à leurs subalternes.
    • Bonhomme, me prenez-vous pour une andouille ? Regardez-moi bien. — (Anatole France, L’Étui de nacre, 1892, réédition Calmann-Lévy, 1923, page 244)
  7. (Botanique) (Régionalisme) Un des noms vernaculaires de la molène (Verbascum thapsus L.)

Adjectif - français

bonhomme \bɔ.nɔm\ masculin et féminin identiques

  1. Simple et serviable.
    • — On va dîner d’abord, eh ? fit-il, bonhomme. Vous avez dû prendre de l’appétit sur le chemin, et moi, de dire la messe, ça me donne faim sans bon sens. — (Louis Hémon, Maria Chapdelaine, J.-A. LeFebvre, Montréal, 1916)
    • S’ils en parlaient en famille ou devant un étranger, le vieux leur apparaissait toujours sous les traits d’un personnage biblique et bonhomme. — (Marcel Aymé, La jument verte, Gallimard, 1933, réédition Le Livre de Poche, page 139)
    • Avec son air bonhomme et sa démarche de flâneur, il doit drôlement tromper son monde. — (Roger Borniche, Le ricain, 1979)
    • Heureux donc d’avoir la santé et de fourrer équitablement, M. Félicien emplâtrait la petite pute avec toute sa probité de queutard bonhomme lorsque la chose se produisit. — (Frédéric Dard, San-Antonio : La pute enchantée, Fleuve noir, 1982)
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

BONHOMME. n. m.
Homme simple, peu avisé, qui se laisse dominer et tromper. C'est un bonhomme à qui l'on fait croire tout ce que l'on veut. Un bonhomme de mari. Un faux bonhomme, Celui qui, par finesse ou pour son intérêt, affecte la bonté, la simplicité, le désintéressement. Ne vous fiez pas à son air patelin, ce n'est qu'un faux bonhomme. Il se dit aussi familièrement d'un Homme d'un âge avancé. Le bonhomme se porte encore bien. Un vieux bonhomme. Dans ce sens il a une sorte de féminin, Bonne femme. La bonne femme n'en peut plus. Par familiarité et par hauteur, on dit quelquefois Bonhomme, Bonne femme, en parlant à un Homme, à une femme du peuple ou de la campagne, quel que soit leur âge. Un petit bonhomme se dit d'un Petit garçon. Ces petits bonshommes sont bien turbulents. Absolument, Le bonhomme se disait autrefois, parmi les gens de guerre, des Paysans en général. Vivre aux dépens du bonhomme. C'est dans ce sens qu'on a dit aussi Jacques Bonhomme, Le paysan français. Il signifie familièrement Figure de plomb ou de papier découpé qui sert de jouet aux enfants et aussi Figure dessinée négligemment. Dessiner des bonshommes sur le mur. Faire des bonshommes. Fig. et fam., Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement, sans éclat et sans heurt.

Littré (1872-1877)

BONHOMME (bo-no-m') s. m.
  • 1Homme plein de bonté, de facilité. Le moine [envoyé en prison à Barbezières] se trouva un bonhomme qui, gagné par la compassion, alla avertir M. de Vendôme, Saint-Simon, 133, 224.

    Faire le bonhomme, affecter la bonté, la simplicité. Dans ce sens : un faux bonhomme.

    Adjectivement. Mélac, doux et très bonhomme, souffrait tout de ses amis, Saint-Simon, 110, 191. Le Turc revint, après cette expédition, aussi bonhomme qu'auparavant, Chateaubriand, Itin. 147.

  • 2Homme simple et peu avisé. C'est un bonhomme qui se laisse mener.
  • 3Homme qui commence à vieillir. Le bonhomme Broussel eut scrupule de souffrir que son nom fût allégué comme un obstacle à la paix, Retz, IV, 232. Les comtes font traîner ce bonhomme en prison, Corneille, D. San. V, 4.
  • 4Anciennement, parmi les gens de guerre, le bonhomme, le paysan. Vivre aux dépens du bonhomme. Jacques Bonhomme, le paysan français.
  • 5 Familièrement, et par opposition, un petit bonhomme, un petit garçon. On ne manqua pas de faire beaucoup babiller le petit bonhomme, Rousseau, Ém. II.
  • 6Figure dessinée négligemment, et aussi, figure en plomb qui sert de jouet aux enfants.
  • 7Nom vulgaire du bouillon-blanc, plante.
  • 8Outil du verrier.

    Outil du vitrier.

  • 9Bons-hommes, religieux établis l'an 1259, en Angleterre, par le prince Edmond ; ils professaient la règle de St Augustin et portaient un habit bleu. On donna en France ce nom aux Minimes à cause du nom de Bonhomme que Louis XI avait coutume de donner à saint François de Paule, leur fondateur.

    Les Albigeois affectaient de prendre le nom de Bons-hommes.

    Les bons-hommes, chefs de la république de Florence au XIIIe siècle.

REMARQUE

Bonhomme fait, au pluriel, bonshommes : deux vieux bonshommes ; mais, pour éviter l'idée de faiblesse ou de simplicité, on dit aussi, au pluriel, bonnes gens : Deux vieux amis qui ne s'étaient pas vus depuis longtemps se rencontrèrent ; ces bonnes gens se mirent à pleurer. Quand il signifie un petit garçon ou une figure dessinée, il a aussi un pluriel qui est bonshommes : Ces deux petits bonshommes babillaient comme des pies. Il avait barbouillé des bonshommes sur le mur. On prononce : des bon-zo-m'.

HISTORIQUE

XIVe s. La quele Jaquete dist au dit Lorens en lui presentant à boire : Tenez, bon homme, buvez ; lors le dit Lorens se prinst à courroucier : tu as menti comme fausse ribaude, je ne suis pas bon homme ; car ma femme est plus prude femme que tu n'es, Du Cange, boni homines.

XVe s. Le suppliant, sans penser à aucun mal, dist à celui Beluc : …bon-homme… À quoy respondit icelui Beluc telles paroles : comment bon homme ? suis-je coqu ? Du Cange, ib. Aliames fut detenuz prisonniers pour le souppechon de avoir esté en l'ost et bataille des Hurons nommez Jacques Bonshommes, à l'encontre des nobles, Du Cange, jaquei.

XVIe s. Pourtant oy-je fait vœu à St François le Jeune le quel est au Plessis lez Tours reclamé de toutes femmes en grande devotion ; car il est le fondateur des bons hommes [Minimes], Rabelais, III, 24. Au temps que les soudards vivoient sus le bonhomme, ils vivoient aussi sus la bonne femme, Despériers, Contes, LXIX. Ils aiment la guerre et le trouble, parce qu'ils vivent du bien du bon-homme et ne sçauroient vivre du leur en temps de paix, Sat. Mén. p. 163. Et ont toujours, en ce faisant, vescu dessus Jacques Bonhomme, Th. de Bèze, dans le Dictionnaire de DOCHEZ.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BONHOMME. Ajoutez :
10 Terme de théâtre. Entrer dans la peau du bonhomme, s'identifier avec son rôle. Il n'était plus Frédérick Lemaître ; il était le comte de Saulles ; l'acteur Bignon, dans son pittoresque langage, appelait cela : entrer dans la peau du bonhomme ; l'expression curieuse est restée, J. Claretie, l'Illustration, 29 janv. 1876, p. 70, 3e col.
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Étymologie de « bonhomme »

Bon, homme ; Berry, bounhoume, paysan, bounhoumerie, endroit habité par des paysans ; wallon, bouname ; namurois, boulome, homme, mari. On voit que le paysan se nomme lui-même bonhomme, c'est-à-dire l'homme, le mari, le maître de la maison ; c'est de ce mot que les gens de guerre avaient fait un sobriquet.

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Univerbation de bon et de homme.
Wiktionnaire - licence Creative Commons attribution partage à l’identique 3.0

Phonétique du mot « bonhomme »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
bonhomme bɔnɔm

Fréquence d'apparition du mot « bonhomme » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « bonhomme »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « bonhomme »

  • Quand on veut la fille, on caresse le bonhomme.
    Proverbe québécois
  • Vis donc, mon bonhomme, et après tu pourras toujours parler de ce que tu as vécu.
    Jean-Marie Poupart — Ma tite vache a mal aux pattes
  • N'oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n'avait en rien l'apparence d'un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée.
    Antoine de Saint-Exupéry — Le Petit Prince
  • Nous oublions toujours qu'il est l'enfant de Mamie Quaker, aussi bien que de Maltby. A mon avis, nous aurions dû intervenir depuis longtemps. Mais quand il ira à l'école, nous donnerons au pauvre petit bonhomme un certain nombre de choses qu'il n'a jamais eues.
    John Steinbeck — Les Pâturages du ciel
  • Mère Ubu: Nous disions, Monsieur Ubu, que vous étiez un gros bonhomme !Père Ubu: Très gros, en effet, ceci est juste.Mère Ubu: Taisez-vous, de par Dieu !
    Jarry — Ubu Roi
  • « […] Ce que je propose, moi, c’est de prendre dans la caisse de la coopérative de quoi lui monter un trousseau minimum, pour qu’il puisse tout faire comme les autres. Ça te va, bonhomme ? » ajouta-t-il en se tournant vers Nicolas. Ça lui allait, et la maîtresse aussi approuva.
    Emmanuel Carrère — La classe de neige

Traductions du mot « bonhomme »

Langue Traduction
Anglais man
Espagnol hombre
Italien amico
Allemand mann
Portugais homem
Source : Google Translate API

Synonymes de « bonhomme »

Source : synonymes de bonhomme sur lebonsynonyme.fr

Antonymes de « bonhomme »

Combien de points fait le mot bonhomme au Scrabble ?

Nombre de points du mot bonhomme au scrabble : 17 points

Bonhomme

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